Une quatrième année d'internat pour les études spécialisées de médecine générale

Une idée qui ne séduit pas tout le monde!

Publié le 26 septembre 2022

Le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche et le ministère de la Santé et de la Prévention annoncent conjointement le 25 Septembre 2022 que le Gouvernement va proposer au Parlement dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, l'ajout d'une quatrième année au diplôme d'études spécialisées de médecine générale (internat), conformément aux engagements pris par le Président de la République.

Aujourd'hui, la médecine générale est la seule spécialité médicale à n'avoir que trois années d'internat, sans la phase de consolidation qui définit le statut dit de « docteur junior », au cours de laquelle les futurs praticiens peuvent exercer en autonomie supervisée. Cette absence de phase de consolidation est considérée comme une faiblesse, qui ne favorise pas une installation immédiate en sortie de cursus.

La réalisation de cette année supplémentaire de troisième cycle, réalisée en ambulatoire sous la supervision de Maîtres de Stages Universitaires, sera encouragée dans les territoires les moins pourvus en médecins généralistes. Un véritable projet pédagogique permettra, durant cette année supplémentaire d'internat, d'accompagner les futurs médecins à leur installation rapide.

Dans le but d'organiser la concertation nécessaire à l'identification des conditions de succès de cette réforme, une mission sera confiée par les deux ministres à la Professeure Bach-Nga Pham, doyenne de la Faculté de médecine de Reims et ancienne vice-présidente de la Conférence des doyens de médecine, au Professeur Stéphane Oustric, président du Conseil de l'ordre des médecins de Haute-Garonne, à la Docteure Mathilde Renker, ancienne présidente de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale (l'ISNAR-IMG), et au Professeur Olivier Saint-Lary, président du Collège National des Généralistes Enseignants.

Toutes les parties prenantes à cette réforme dont élus, étudiants, internes, médecins, patients, administrations et enseignants seront associées à cette concertation par la mission.

La mise en œuvre de cette réforme pourrait ainsi entrer en vigueur à la rentrée universitaire 2023.


Pour MG France, pas de quatrième année sans les conditions indispensables à sa mise en place

Engagé depuis sa création pour la reconnaissance de la spécialité médecine générale et de sa filière universitaire, MG France considère que cette spécialité, au champ particulièrement large et complexe, nécessite bien une année professionnalisante comme toutes les autres spécialités. 

Cette 4ème année d’internat doit être dédiée à la maîtrise de tout l’environnement professionnel, administratif et territorial du cabinet de médecine générale.
Elle doit donc se dérouler dans un cabinet de médecine générale et être encadrée par des généralistes en activité selon des modalités qu’il est impératif de préciser, sans oublier des locaux adaptés et des moyens humains pour aider ces médecins. 

Pour les internes, de nombreuses conditions sont indispensables à cet exercice (statut, rémunération, logement, garanties d’encadrement...) et nécessitent un cahier des charges complexe qui doit impérativement être validé par les jeunes et les médecins en exercice. 

Sans moyens, cette 4ème année professionnalisante ne constituera qu'une coquille vide : il sera difficile de trouver 3500 terrains de stages chaque année. 

Enfin, penser que la 4ème année serait la solution aux problèmes de démographie médicale est une erreur. La pénurie est globale, rendant illusoire la désignation de certaines zones au détriment de ses voisines. 

MG France met en garde contre des décisions précipitées qui risquent de compromettre une fois de plus l’attractivité de de la médecine générale, aggravant la désertification médicale, si les conditions d’exercice des internes et de médecins ne sont pas rapidement améliorées. 



Réaction de l'ANEMF - Étudiants oubliés, formation délaissée, mesure précipitée : la quatrième année est imposée sans être justifiée

À l'aube d’un Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale avec une régulation à l’installation en filigrane, le Ministère de la Santé et de la Prévention et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche imposent l’ajout d’une quatrième année au DES de médecine générale et annoncent le lancement d’une mission à la finalité incertaine. 

 

La méthode est intolérable. Nous dénonçons le souhait d’instaurer cette quatrième année de médecine générale à marche forcée et dans la précipitation. Un PLFSS n’est pas adapté au cadrage de mesures de formation. Les concertations doivent prendre place avant d’acter les décisions, en incluant les premiers concernés : les étudiants.

 

Les objectifs interrogent. Exiger une quatrième année car “la médecine générale est la seule spécialité médicale à n’avoir que 3 ans d’internat” ? Déroutant. Inciter à la réalisation de cette quatrième année en zones sous-denses ? Inquiétant. Imposer un an de stage ambulatoire ? Aberrant au vu des évolutions de la spécialité.

 

Les perspectives sont alarmantes. Une mise en place précipitée est préoccupante et n’est pas sans rappeler les réformes récentes des études de santé. Solutionner le manque criant de maîtres de stage universitaires ? Douteux. Révolutionner la formation sans enseignants ? Impensable. Les freins, depuis longtemps décriés, ne seront pas résolus en un an. 

 

Les conséquences sont taboues. Prônée en panacée face aux problèmes d’accès aux soins, les limites de cette quatrième année sont tues. Comment compenser  les départs à la retraite avec la rétention d’environ 3 500 médecins pendant une année supplémentaire ? Comment conserver l’attractivité d’une spécialité qui commence tout juste à combler la totalité des places ouvertes ? 

 

Nos demandes sont claires. Nos demandes sont fermes. Nos demandes sont celles des étudiants, celles des médecins de demain. Nous sommes contre une quatrième année de médecine générale quand les objectifs premiers sont oubliés : nous former. Nous sommes contre quand nous n’avons aucune garantie sur l’encadrement, sur la formation, sur la rémunération, sur la continuité des soins pour les patients, sur son application sécuritaire et pérenne pour des étudiants qui subissent des réformes précipitées.

 

La mesure doit être ôtée du PLFSS, et les concertations entamées avant toute exécution



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