Annoncées par Olivier Véran, les concertations du Ségur de la Santé débuteront ce jour. Si les questions essentielles de l'attractivité de l'hôpital public, investissement, gouvernance et approche territoriale seront discutées, la voix des étudiants en médecine, elle, devra être écoutée. L'Association Nationale des Etudiants en Médecine de France, représentative des futurs médecins, s'engage pour reconstruire le système de santé en 20 grandes propositions1.
Pour un nouveau souffle. «A l'issue de cette crise, un plan massif d'investissement et de revalorisation de l'ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital. C'est ce que nous leur devons (...).» À deux mois des annonces du Président de la République, les étudiants en médecine, indemnisés seulement 1,29€/h et pleinement mobilisés durant la crise du CoVid-19, demandent plus que jamais la sécurisation de leur statut et une revalorisation salariale forte dès 2020.
Pour un nouveau souffle. L'hôpital, doit être attractif : l'aboutissement du groupe de travail sur la modernisation du statut de praticien hospitalier ainsi qu'une refonte du statut hospitalo-universitaire sont indispensables. Les orientations budgétaires des établissements devront répondre au principe de la démocratie sanitaire et inclure les étudiants hospitaliers.
Pour un nouveau souffle. Le lien ville-hôpital, essentiel au fonctionnement de notre système de santé, doit enfin pouvoir se tisser. L'accès à des stages hors-CHU représente un enjeu pour promouvoir les territoires et modes d'exercice, et ainsi encourager la diversification des projets professionnels étudiants. Pour permettre l'accès des étudiants à ces terrains de stage éloignés, des hébergements devront être développés et une indemnité d'hébergement de 300€ créée.
Pour que les Accords de la Santé, destinés à réformer en profondeur notre système de santé, soient à la hauteur des espérances de tous, les pouvoirs publics ne peuvent plus ignorer les propositions des étudiants en médecine, professionnels de demain.
1 Ségur de la Santé : 20 propositions de L'ANEMF pour un nouveau souffle ci-dessous
Depuis plus d’une décennie, l’hôpital public, les soignants et les étudiants qui le composent souffrent. Rémunération des étudiants hospitaliers oscillant entre 1,29€/h à 2,80€/h brut, salaire des infirmiers en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, pénibilité, temps de travail dépassé, repos de sécurité non respecté : les soignants exigent une amélioration de leurs conditions de travail ainsi qu’une reconnaissance de leurs compétences.
Afin d’assurer d’assurer l’attractivité du système de santé de demain, il devient indispensable de revaloriser les salaires des soignants, améliorer leurs conditions de travail ainsi que les perspectives de carrières au sein de l’hôpital public.
Proposition 1 - Revalorisation des salaires de l’ensemble des personnels médicaux et paramédicaux.
Proposition 2 - Alignement du salaire des étudiants hospitaliers de 4ème année à minima sur celui des étudiants stagiaires de l’enseignement supérieur (390€ net mensuel) pour atteindre le SMIC horaire en fin de 6ème année.
Proposition 3 - Assurer un suivi du respect des droits de l’ensemble du personnel soignant dont les étudiants hospitaliers en établissant des sanctions financières pour les établissements hors la loi :
Proposition 4 - Prévenir les risques psycho-sociaux et améliorer la qualité de vie au travail des professionnels de santé :
Proposition 5 - Aboutissement des groupes de travail sur la modernisation des carrières des praticiens hospitaliers pour permettre :
Proposition 6 - Augmenter le ratio personnel hospitalo-universitaire/nombre d’étudiants et l’équilibrer sur le territoire par une ouverture massive de postes hospitalo-universitaires afin de rattraper le retard causé par 20 ans de gel du nombre de postes d’hospitalo-universitaires associé à une multiplication par deux du numerus clausus.
Proposition 7 - Refonte du statut hospitalo-universitaire (HU) :
Proposition 8 - Achever la rédaction des textes réglementaires encadrant le dispositif du deuxième DES permettant une reconversion professionnelle respectueuse des objectifs de carrière propre à chaque médecin.
Proposition 9 - Formation tout au long de la vie :
Proposition 10 - Pour les débuts de carrière :
La crise sanitaire qui ébranle encore aujourd’hui notre pays a mis en lumière d’importants problèmes d’organisation des établissements de santé, que ce soit sur le plan de la gestion du personnel, du matériel, ou plus généralement de la gouvernance. Les questions budgétaires imposées par les pouvoirs publics depuis plusieurs années contraignent les établissements de santé à restreindre leurs investissements. Ces problématiques dénoncées au travers de mouvements sociaux depuis plus d’une décennie ne sont plus tolérables.
Il est nécessaire de repenser en profondeur la gouvernance hospitalière ainsi que les politiques financières de l’hôpital afin de retrouver un équilibre entre l’efficience du soin, et l’humanité nécessaire à l’exercice des professions de santé.
Proposition 11 - Rénovation de la gouvernance hospitalière :
Proposition 12 - Abolition du tout T2A, au profit d’un modèle mixte et équilibré comportant une part de tarification à l’activité, une dotation globale ainsi que des financements sur forfait adaptés aux différents services (coordination des soins, prévention, séjours).
Proposition 13 - Les MERRI :
La crise sanitaire dont nous subissons encore les conséquences a mis en exergue les lacunes des Agences Régionales de Santé (ARS) dans l’établissement d’une coordination efficace entre les différents acteurs de santé du territoire.
Afin de pallier à ces problématiques, le patient doit revenir au centre de la construction de l’offre de soin du territoire. Il est également nécessaire de favoriser l’exercice coordonné de l’ensemble des professionnels de santé, du monde médico-social et du social. La découverte des modes d’exercice et des territoires durant la formation médicale initiale est un enjeu pour l’accès aux soins.
Proposition 15 - Favoriser le développement de stages hors-CHU de premier, deuxième et troisième cycle, afin de promouvoir les territoires et les modes d’exercice, et par conséquent encourager la diversification des projets professionnels des étudiants :
Proposition 16 - Réaffirmer la place des jeunes et futurs professionnels de santé dans la démocratie sanitaire en créant au sein des ARS une commission jeunes médecins consacrée notamment aux questions d’installation et d’accès aux soins sur le territoire.
Proposition 17 - Permettre aux professionnels de santé exerçant au sein des Communauté Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) d’intégrer les Groupements Hospitaliers Territoriaux (GHT) afin de fluidifier les parcours de soin à l’échelle du territoire.
Proposition 18 - Soutenir financièrement le développement d’outils numériques essentiels à la coordination des soins :
Proposition 19 - Rétablir l’accès au CESP dès le 1er cycle des études médicales, renforcer l’accompagnement des signataires par les ARS et intégrer les territoires dans l’élaboration et le suivi des contrats.
Proposition 20 - Mettre fin au parcours du combattant des jeunes praticiens lors de l’installation en créant au sein des ARS des guichets uniques réunissant l’Ordre, l’URPS et les collectivités territoriales.
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