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Doctorat : une longue marche vers l'emploi stable

Une nouvelle étude du CEREQ

Publié le 06 janvier 2014

Pour de nombreux titulaires du doctorat, l'accès à l'emploi stable n'est pas immédiat. Même trois ans après l'obtention de la thèse, l'emploi à durée indéterminée est loin d'être acquis pour tous les docteurs, notamment pour ceux visant des carrières dans la recherche publique. Mais, après cinq ans sur le marché du travail, 94% des docteurs sont en emploi, avec 86% d'emplois à durée indéterminée.


Cette nouvelle enquête sur l'insertion des docteurs a été effectuée par le Céreq à la demande de la direction de l'Enseignement supérieur, de la direction de la Recherche et de la direction de la Technologie du ministère de l'Éducation nationale. Les docteurs diplômés en 2007 interrogés en 2010 ont été réinterrogés en 2012. Après trois ans de vie active, les étudiants ayant obtenu leur thèse en 2007 ont un taux de chômage de 10 %. Pour la première fois depuis plus de 10 ans, ce taux est légèrement inférieur à celui des titulaires d'un master 2 universitaire.

  • L''instabilité des contrats de travail est très fréquente chez les docteurs en début de carrière et surtout dans la recherche publique.

En effet, au premier emploi, 70 % des docteurs diplômés en 2007 sont en emploi à durée déterminée (EDD). Trois ans après la thèse, 30 % sont toujours dans cette situation (contre 25 % pour les diplômés de master et 7 % pour ceux des écoles d'ingénieurs). Ce taux chute à 14% dans les deux années qui suivent. Les docteurs souhaitent majoritairement s'insérer dans le secteur de la recherche. Ils restent cependant peu nombreux dans la recherche privée. Ainsi en 2009, seuls 13% des chercheurs en entreprise sont titulaires d'un doctorat, 15 % d'un M2, mais 54 % d'un titre d'ingénieur.

  • Le bonheur est-il dans la recherche ?

Cinq années après la soutenance de thèse, les trois-quarts des docteurs en emploi exercent dans la recherche, un peu plus de la moitié dans la recherche publique et académique et un quart dans la recherche privée.
En 2012, le salaire net médian mensuel des docteurs en emploi est de 2 470 euros. Mais, en dehors de la recherche, publique ou privée, il ne dépasse pas 2 000 euros. Les docteurs également diplômés d'écoles d'ingénieurs sont mieux rémunérés, notamment dans la recherche privée (respectivement 3 000 euros contre 2 700 euros) où ils sont 40 % à travailler en 2012. Plus de la moitié des docteurs en emploi en dehors de la recherche se considèrent mal payés. Au-delà de l'aspect financier, ne pas travailler dans la recherche est un motif d'insatisfaction.

  • La reconnaissance du doctorat dans les organisations

Moins satisfaits et moins bien rémunérés, les docteurs exerçant en dehors de la recherche peineraient donc à se faire une place et à voir reconnaître leur diplôme. Sur cette question, des actions sont d'ores et déjà engagées. La loi du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche vise à mieux valoriser le doctorat en permettant à ses titulaires de bénéficier de sa prise en compte pour l'accès à des corps de catégorie A de la fonction publique de l'État. Dans le secteur privé, cette même loi prévoit des négociations pour la reconnaissance du doctorat dans les conventions collectives de branche d'ici au 1er janvier 2016. L'accès à la recherche privée reste limité et concurrencé par les diplômés d'écoles d'ingénieurs. Le profil « docteurs ingénieurs » y est valorisé, mais surtout il concerne très peu des docteurs venant des lettres et sciences humaines.
  • Les docteurs épargnés par la crise

Entrés sur le marché du travail juste avant la crise boursière, les docteurs diplômés en 2007 tirent leur épingle du jeu et voient leur taux de chômage à trois ans rester au même niveau que celui des diplômés de 2004 (aux alentours de 10%). Cette résistance à la crise peut s'expliquer par plusieurs facteurs. Malgré le ralentissement de l'activité économique, la dépense intérieure de recherche et développement a augmenté entre 2009 et 2011, et le recrutement dans la recherche privée ou publique a donc été favorisé. De plus, les recrutements d'enseignants-chercheurs ont augmenté de 5% sur la période. Reste que la qualité des débouchés varie beaucoup d'une discipline à l'autre. Ainsi, les docteurs en lettres et sciences humaines et sociales (LSHS), en sciences de la vie et de la terre (SVT), gardent toujours des conditions d'insertion plus délicates que les autres docteurs.