Retour d'expérience colocation étudiant senior

Mathurin, auteur du livre «j’habite ai troisième âge» nous délivre un super témoignage de cohabitation intergénérationnelle

Publié le 13 mai 2015

La Rédaction

Mathurin pouvez-vous nous dire comment vous en êtes venu à opter pour la colocation senior étudiant ?

Mathurin

Après les Arts Décoratifs de Strasbourg, j'ai décidé de tenter ma chance à Paris en faisant un stage en agence de communication. J'ai rapidement été confronté au problème du logement en région parisienne :
des loyers excessifs et hors d'atteinte pour un jeune stagiaire.
On m'a parlé des associations intergénérations et de leur principe : un peu de son temps contre un logement.
Ayant déjà vécu une année avec mon arrière-grand-mère, j'ai tout de suite été emballé par ce principe. C'était pour moi un bon compromis financier tout en vivant une expérience pas si courante.

La Rédaction

Comment avez-vous fait pour trouver votre colocataire, Germaine, âgée 96 ans à l'époque?
Avez-vous participé à un « casting » ?

Mathurin

Je me suis inscrit dans plusieurs associations situées en région parisienne telle que Besoin 2toit ou ensemble 2 générations. Les bénévoles de ces associations ont établi un profil en fonction de mon âge, mes études et de mon mode de vie. Ils ont ainsi pu me mettre en relation avec plusieurs personnes. Pour le cas de Germaine, nous nous sommes rencontré chez elle afin de voir s'il y avait compatibilité d'humeur.

La Rédaction

Un jeune n'a pas forcément le même rythme de vie: heure des repas, toilette, lever, coucher... Comment avez-vous accordé «vos violons»?

Mathurin

Même si l'on est en colocation, j' habite chez l'habitant donc cela me semblait plus cohérent de m'adapter aux horaires de Germaine que l'inverse. La seule entorse à cette entente était pour le café de 5 heures du matin ...

La Rédaction

Vous êtes passionné d'infographie et de jeux videos. L'avez-vous convertie!?

Mathurin

À défaut de l'avoir convertie, ces passions suscitaient une curiosité chez Germaine. Certaines fois, elle me regardait pendant une heure dessiner dans le jardin en buvant un verre d'ambassadeur ou jouer dans le salon à des jeux vidéo de stratégies. Par moments, elle prenait la manette pour me donner un coup de main.

La Rédaction

Combien de temps par jour deviez-vous consacrer à Germaine? Quels étaient vos devoirs?

Mathurin

Je n'ai jamais vraiment compté le temps passé avec Germaine. La règle de la maison était d'être présent le soir à partir de 19h00 et de partir le matin, une fois que la dame de compagnie était dans les lieux. Le seul devoir était de bien vérifier la prise de ses médicaments et de ne pas rater la cuisson de mes frites le weekend :)

La Rédaction

Etiez-vous dans une relation de locataire (loyer à payer) ou dans un relation échange de services contre logement?

Mathurin

J'ai choisi le système du logement gratuit en échange de services. Les bons comptes font les bons amis, encore plus lorsqu'il n'y a pas d'argent. J'ajouterai qu'avec le temps, la notion de service s'estompe, cela devient une aide spontanée.

La Rédaction

Quel est votre meilleur souvenir de cette expérience?

Mathurin

Difficile d'en extraire un. J'ai une anecdote qui me revient en tête et qui n'a pas été consignée dans mon livre.

Durant un weekend, Germaine me demande de descendre à la cave pour remonter du vin.
-Germaine, il ne reste que deux bouteilles mais je n'arrive pas à lire les étiquettes, les images sont effacées.
-Montez-en une, on saura au premier verre si c'est du vinaigre.
La première gorgée est un délice. Martial, un des fils de Germaine, arrive dans la cuisine et aperçoit la bouteille débouchée. Il se précipite sur un verre et me le tend.
- Servez-moi donc un verre, ce n'est pas tous les jours que l'on ouvre une bouteille à 400 euros.

La Rédaction

Et ce livre «j'habite ai troisième âge», quel en est la genèse?

Mathurin

Lorsque je me suis présenté le premier jour, le fils ainé de Germaine (Thierry) m'a dit que si je pouvais faire un livre sur cette expérience, cela pourrait aider l'association à promouvoir les colocations intergénérations.
L'idée de faire un livre m'a vraiment paru évidente lorsque je suis parti de chez Germaine. Avant d'être un livre pour témoigner d'une collocation intergénération, je voulais laisser un souvenir de Germaine à sa famille, notamment à son petit-fils, Hugo.

La Rédaction

Un dernier mot à nos lecteurs étudiants (ou futurs étudiants) en quête d'un logement pour la rentrée?

Mathurin

Allez au-delà des préjugés, tentez la colocation avec une personne âgée.