Partenariats, fusions et coopérations dans les établissements d'enseignement supérieur de gestion

La FNEGE a lancé en mars dernier une enquête réalisée par Benoît DEMIL, Professeur à l'IAE de Lille, auprès de Grandes Ecoles, d'universités et d'IAE sur le thème des rapprochements pour brosser le nouveau paysage des stratégies des établissements d'enseignement de gestion (EEG). Pour 90% des interviewés, ce phénomène sera amené à s'accroître aux cours des prochaines années. Pour les universitaires, la tendance est jugée durable, tandis que pour les écoles, elle s'apparente à une nouvelle donne à laquelle il faut rapidement s'adapter mais qui ne durera pas. L'étude permet de marquer les différences nettes d'opinions, de perceptions, d'enjeux, de stratégies et d'intérêts entre écoles et universités concernées et de faire le point précis sur cette nouvelle tendance qui anime les EEG.

Un contexte incitant aux rapprochements

L'enquête a permis de cerner les éléments qui poussent aux rapprochements. De nombreuses fusions aux résultats positifs, des réformes structurelles comme les PRES et l'autonomie des universités, l'impact de la globalisation qui amène de nouveaux joueurs et donc l'accroissement de la concurrence, l'internationalisation sont autant de facteurs qui poussent écoles et universités à envisager des rapprochements. Alors que les pressions économiques ne sont que de 5% dans les raisons qui poussent aux rapprochements pour les universités, le pourcentage passe à 25% en ce qui concerne les écoles. Mais l'internationalisation reste avec près de 30% la principale raison qui amène écoles et universités à réfléchir à une stratégie de rapprochement presqu'à égalité avec les pressions institutionnelles.

Les avantages des rapprochements

Deux grands avantages se dégagent quelque soit le type d'EEG : l'internationalisation et l'accroissement du potentiel de recherche. Pour près de 16% des écoles et des universités, le rapprochement qui se concrétise le plus souvent par des partenariats internationaux et permet une plus grande visibilité internationale et notamment dans les classements considérés comme le sésame pour attirer des étudiants étrangers est l'avantage principal d'un rapprochement.

Quant aux rapprochements, moyen d'accroître un potentiel de recherche par les synergies qu'il crée entre les équipes, les moyens supplémentaires qu'il peut générer ou encore le nombre plus important de chercheurs qu'il amène est pour presque 22% des écoles et universités l'avantage recherché par une opération de rapprochement.

Choisir LE bon partenaire

Universités et écoles ne se tournent pas vers les mêmes partenaires potentiels, il y a même une nette asymétrie dans leurs choix. Le jeu est plus ouvert pour les écoles qui cherchent la différenciation et sont prêtes à se tourner aussi bien vers des écoles de gestion françaises qu'internationales ou des écoles d'ingénieurs ; alors que les universités, probablement pour des raisons de statuts ou du fait de leur implication dans les PRES, se tournent avant tout vers d'autres structures universitaires et écoles de gestion françaises.

3 types de processus se détachent pour choisir le bon coéquipier qui correspondra aux attentes :

• « la démarche stratégique rationnelle » où des écoles avec les mêmes objectifs stratégiques et les mêmes ambitions se rapprochent, elles ne se connaissent pas forcément
• « le tiers intervenant », les parties prenantes sont très nombreuses (région, université, CCCI, ministère...) et c'est une ou plusieurs parties prenantes qui interviennent alors pour pousser au rapprochement
• « petits pas », processus plus rare et long qui s'élabore petit à petit dans le temps par multiplication des opportunités de contact (interventions croisées d'enseignants, puis convention qui s'enrichira d'une convention cadre...)

A ces processus viennent se greffer des logiques géographiques (partenaires à proximité pour partage de locaux...) et égalitaires (rapprochement entre égaux pour ne pas se déclasser).

Le rapprochement, élément d'une stratégie

Un rapprochement n'est qu'une modalité pour atteindre un objectif stratégique donné et en aucun cas il ne peut se substituer à une stratégie. A ces opérations de rapprochement s'intègrent donc une réflexion stratégique des EEG.

En général, à l'origine du projet, on trouve l'impulsion d'une direction à laquelle il est nécessaire de faire adhérer l'ensemble des membres de l'organisation. Dans la quasi-totalité des cas étudiés, c'est le diagnostic d'une faiblesse ou d'une limite qui amène à envisager un rapprochement et donc de mener des réflexions sur une nouvelle stratégie.

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Méthodologie de l'étude

L'étude s'est déroulée sur une période de 4 mois entre mars et juin 2010. Elle visait à faire le point sur les « rapprochements » entre établissements d'enseignement de gestion (EEG). Les « Rapprochements » englobent toutes formes de relations structurantes, impliquant durablement plusieurs partenaires (formes classiques d'alliances stratégiques entre concurrents et de coopération entre non concurrents, fusions entre organisations...). Le périmètre géographique c'est centré sur l'étude des institutions françaises. 4 dispositifs d'accès au terrain ont été mis en place : - Un groupe de travail constitué par la FNEGE, présidé par Jean-Pierre Helfer, composé d'une dizaine de responsables universitaires et d'écoles ayant tous vécu une expérience de rapprochement. Ce groupe a permis de cerner l'objet de l'étude, de cerner le contexte actuel et d'évoquer les thèmes à aborder en entretiens et de discuter des premiers résultats de l'étude. - Une recherche documentaire sur les opérations de rapprochement pour élaborer le guide d'entretien pour l'étude qualitative - Une campagne d'entretiens semi-directifs centrés sur les opérations de rapprochement. 15 personnes ont été interviewées entre 1h et 3h. - Un questionnaire a été administré en ligne en mai 2010 (réalisé sur la base des connaissances acquises lors des entretiens). Envoyé à 73 écoles et universités et IAE, 51% (37 questionnaires remplis) des interrogées ont répondu en ligne et reflète bien la structure de la population contactée. L'ensemble des interviews se rapportent à des opérations de rapprochement plutôt marquées par le succès. Une limite importante de cette étude concerne donc le cas d'échecs de rapprochement.