Nouvel Album : Les Monstroplantes contre Dr Larsen !

Dans les bacs le 25 février 2011

Publié le 10 février 2011

Hyper industrialisation, hyper consommation, hyper médiatisation, on détruit la planète : le monde est en plein chaos, l'homme doit s'adapter pour survivre et retrouver ses origines. Les Monstroplantes baignent là-dedans, fascinés par la SF (on s'en doute), les mangas et bandes dessinées tous azimuts. Preuve à l'appui la cover menaçante de ce 1er opus, signée Stéphane Paret avec monstre pas gentil, figures grimaçantes et désolation environnante. Il y est question entre autres de Comics Collection (Episode N°1) et des Monstroplantes contre Dr Larsen. Clin d'œil réussi au monde de la BD connotée 60/70 et certainement au très célèbre Dr No de James Bond ! Humour. « On a imaginé qu'on était des super héros de bande dessinée », se marre Dr Seb, l'un des protagonistes. « En rentrant d'un concert, les Monstro sont tombés dans un lac rempli de produits chimiques, ce qui les a dotés de super pouvoirs. Ils vont ainsi pouvoir s'attaquer au méchant Dr Larsen qui fait des expériences dans l'usine d'à-côté. Et sauver la terre d'une destruction totale de sa végétation. » Dont acte. Les Monstroplantes contre Dr Larsen !

Peut être les mordus de dessins animés gardent-ils un vague souvenir de cette série franco-américaine du siècle passé (!!) « Jayce et les conquérants de la lumière », dans laquelle on croisait des Monstroplantes, espèces mi-végétales mi-animales, sorties par erreur d'un laboratoire, dotées d'intelligence et habitées par la Lumière noire. En ce 3ème millénaire, Les Monstroplantes sont bien de retour, transformés en hommes-musiciens qui manient aussi bien la trompette, le sax, les percus que les boucles électro et autres bruitages sonores. Huit, pardon neuf si l'on compte leur monsieur son, savants fous prêts à toutes les extrémités pour exploser les limites d'une musique mutante qui ose mélanger beats électro et sons organiques, cuivres et machines. Vous suivez ?

Les Monstro sont aléatoirement aussi un collectif de musiciens, plus ou moins lyonnais, d'horizons multiples et variés (jazz, classique, world), sortis pour certains de conservatoire, d'autres musiciens de culture orale. On y croise Dr Seb (sax tenor), activiste remarqué de la scène lyonnaise depuis ces dix dernières années (Peuple de l'Herbe, Mo'jazz beats, Dawamesk) ou Ludo « Furious » Vernu (trompette/trombone) déjà vu aux côtés de Meï Teï Shô. Il y a aussi Devarajen « Mag » Mooken (congas, djembé, bong etc.) qui maitrise les rythmes du monde entier, le sousaphone de Tanguy « Tang » Moucheboeuf qui fait vrombir les basses puis bien sûr Laskakad, DJ et scratcheur -s'il le faut-, tout aussi à l'aise avec sa guitare électrique quand il faut balancer du rock'n roll. Sans oublier la voix tour à tour suave, épineuse et féroce de Julien « Soopajud » Burel qui habite tout l'album et lui donne une vraie pulsation soul.

Les Monstroplantes contre Dr Larsen, non, ceci n'est pas un film ! Mais bel et bien un objet identifié et sonore de 11 titres et 2 remix en bonus.

Au menu, des cuivres funky, des scratches et autres bruitages triturés, des boucles électro inquiétantes, un percussionniste au taquet, un groove imparable et la voix féroce de Julien aka Soopajud qui scande, harangue et chante pour mettre le feu. Large palette sonore pour ces musiciens accomplis qui balancent entre drum'n'brass et électro-soul, le tout savamment épicé d'une pointe ragga, d'une once jazz et d'une grosse pincée rhythm'n'blues. Imaginez Wilson Picket chantant sur du Roni Size ou Ben L'Oncle Soul grasseyant sur Le Peuple de l'Herbe ! Mais les Monstro revendiquent d'autres influences, toutes plus alléchantes les unes que les autres : Youngblood Brass Band, Balkan Beat Box, mais encore Lalo Chiffrin, Otis Redding, George Clinton ou Herbalizer, bref que du bon.

Enregistrement au Supadope Factory (le studio du Peuple de L'Herbe) à Lyon, 15 jours intenses pour mettre en boite 12 titres, dont 1 remix et un inédit live avec beaucoup de cuivres et d'invités. Avec Nico Matagrin au mastering et la patte de Franck Rivoire aka Choko au son. Au final, un album qui se tient et raconte une histoire, alternant morceaux bien carton et parties plus épurées. Couleur dominante ? Rouge et vert. A moins que rose avec des épines ne soit encore plus parlant. Entendez c'est gai, c'est entraînant mais c'est caustique et ça pique ! Il y a des titres vraiment rentre-dedans (You Gotta, Take back, Jailbaits), d'autres plus fun qui roulent des hanches (Loveliness is a vampire) et mettent gentiment la pression (Lincolm Island). Parfois l'ambiance se fait pesante, blips insistants et percus de plus en plus plombées (Lets do the robot), il y est question de TV qui lobotomise le cerveau. Sujet tout aussi inquiétant sur Entomophagy qui évoque la destruction de la planète, pollution et fin de l'humanité en filigrane dans un monde pré-apocalyptique. Du rififi chez les humains ? Hum on nage en pleine parano SF, l'un de leurs dadas incontrôlés : un peu too much, non ? Groupe engagé, alors, les Monstroplantes ? Peut être. Plutôt conscients d'un monde qui ne tourne plus rond et qui va à sa perte. Mais tout ceci tient plutôt du compte-rendu neutre sur un état de fait inéluctable. Et de l'obligation de s'adapter tout le temps pour trouver sa place et résister. Alors oui, prêts à se battre bec et ongles contre les OGM, les produits chimiques, le gaspillage et plus encore.

The last but not the least. Les Monstroplantes brûlent les planches. Un peu normal quand on a démarré comme simple fanfare ! Assurément ils mettent le feu partout où ils passent avec un show plus que bien huilé qui privilégie l'énergie et la puissance sonore. Avec ces cinq cuivres qui patatent, ces blips bien enlevés, ces scratches juste au bon moment et cette voix ample qui monte du ventre comme un puissant raz de marée prêt à déferler. Ça monte, ça descend, ça gronde, ça pulse, ça ondule, c'est chaud, c'est froid, ça brûle et ça vous met sens dessus dessous.

Entrez donc dans le monde en 3D des Monstroplantes ! Let's do the robot !

Tracklist

  • 1° U Gotta (Burel, Martinan)2° Taekwonsan (Burel, Vernu)
  • 3° La jongle (Burel, Martinan)
  • 4° Loneliness is a vampire (Burel, Garrivier)
  • 5° Take back (Burel, Martinan, Vrilliaux)
  • 6° Jailbaits (Burel, Martinan, Vrilliaux)
  • 7° None of you left (Vrilliaux)
  • 8° Lincoln island (Burel, Martinan, Vrilliaux)
  • 9° Spiderman VS les Monstroplantes (Martinan)
  • 10° Let's do the robot (Burel, Martinan, Vrilliaux)
  • 11° Enthomophagie (Burel, Martinan)
  • 12° Les chokobons (Martinan)
  • 13° Spiderman VS les Monstroplantes (Dr Seb Remix)

conception graphique : Stéphane Paret

lesmonstroplantes.free.fr