L’urgence immobilière enfin prise en compte
L’UNEF se félicite que l’opération campus permette enfin de dégager des crédits conséquents pour répondre à l’urgence immobilière et au sous équipement des campus français. Les projets retenus concernent 19 universités et 340 000 étudiants et permettront d’améliorer une situation immobilière souvent très difficile.
Les étudiants écartés
Cependant, l’UNEF regrette la méthode retenue, qui a consisté à écarter les étudiants, tant lors de l’élaboration des projets au niveau local, que lors du choix des heureux élus au niveau national. En effet, le Ministère a préféré procéder à une loterie et à la mise en concurrence des universités et de leurs projets, en constituant un obscur « comité des sages » excluant les principaux intéressés, les étudiants.
Une logique de regroupement et de pôles d’excellence
Ainsi, ce qui a présidé au choix des projets semble être plus une logique de regroupement et de concentration sur certains pôles régionaux, plutôt qu’une réponse à l’urgence immobilière des universités. L’UNEF s’inquiète de la mise à l’écart des universités de lettres et sciences humaines dans les projets : Toulouse le Mirail a été exclue du projet toulousain, Montpellier 3 est marginalisée au sein du dossier montpelliérain. Quand au projet lyonnais, il ne concerne que le campus de la Doua et le site Charles Merieux (Sciences), tournant le dos à l’indispensable rénovation du site de Bron (Lettres).
L’UNEF s’interroge sur le devenir des 40 projets laissés pour compte
Le dépôt de 46 projets, concernant plus de 100 établissements d’enseignement supérieur démontre que l’ensemble des campus est aujourd’hui touché par une situation de crise, et que la sélection de 10 campus est insuffisante. En effet, 30% du patrimoine universitaire est en état de dégradation, 15% des campus sont inadaptés à leur mission, et la moitié des campus n’a pas été rénové depuis 30 ans. Que répondra la ministre aux étudiants de Reims installés dans des amphis qui s’écroulent, aux étudiants de Marseille et Angers qui ont cours dans des salles qui ne respectent plus les normes de sécurité ?
L’UNEF regrette qu’aucun projet en région parisienne n’ait été retenu, alors qu’elle regroupe 27 % des étudiants qui ne disposent donc d’un espace que de 1m² en moyenne par étudiant. L’UNEF demande donc qu’un projet d’envergure soit retenu lors de la « session de rattrapage » au mois de juillet.
De plus, les 6 projets retenus sont concentrés dans les villes parmi les 15 plus importantes de France. L’UNEF s’inquiète du devenir des universités des villes de taille moyenne et redoute que l’opération campus ne soit un moyen autoritaire de restructurer la carte de formation.
La Ministre s’était engagée, à la demande de l’UNEF, à ce qu’une enveloppe soit réservée à des petits projets de rénovation. L’UNEF exige que la Ministre tienne parole et réserve une enveloppe conséquente à la remise à niveau de l’ensemble des bâtiments universitaires.
Où sont passés les 5 milliards ?
Enfin, l’UNEF s’interroge sur le montant total de l’enveloppe. Alors que le Président de la République a annoncé 5 milliards d’euros, aujourd’hui seuls 3,7 sont sur la table. L’UNEF s’inquiète du fait que les 1,3 milliards restants soient victimes de la politique de rigueur du gouvernement et exige des engagements fermes.
L’UNEF attend des réponses de la Ministre
La Ministre doit répondre à ces inquiétudes. L’UNEF demande :
La garantie que l’enveloppe globale s’élèvera bien à 5 milliards d’euros
La prise en compte de la situation catastrophique de l’enseignement supérieur francilien et de sites de villes universitaires moyennes pour le choix des 4 derniers projets. Les projets retenus, au contraire de celui porté par exemple par l’université Paris 9 Dauphine ou Marne La Vallée, devront privilégier les universités ayant des bâtiments particulièrement délabrés et manquant clairement de surface d’enseignement (Paris 1, Reims…)
Une garantie de transparence : alors que le Ministère et les universités ont refusé de transmettre les dossiers à l’UNEF et aux étudiants, l’UNEF exige qu’ils soient transmis à l’ensemble des membres du CNESER et à ce que les élus étudiants soient associés localement.
Une enveloppe conséquente pour les projets de rénovation urgente s’ajoutant au 10 projets comme la ministre s’y était engagé : permettant la rénovation de tous les sites universitaires dont la situation est particulièrement dégradée dont il convient désormais de préciser le montant.