Les cadres ont vu leur rémunération augmenter de 0,9 % cette année par rapport à 2013, selon la 12ème édition du Baromètre Expectra, une étude basée sur les salaires réels extraits de 68 800 fiches de paie. Cette hausse, bien que modeste, est supérieure à celle enregistrée l'an passé (+ 0,5 %). Elle témoigne cependant d'une politique salariale empreinte de prudence, toujours à la peine sous le double coup d'une croissance atone et d'un chômage qui ne recule pas. Ainsi, selon les dernières prévisions - révisées à la baisse -, le PIB ne devrait croître en 2014 que de 0,5 %. Dans ce contexte, la modération salariale reste de rigueur. Preuve supplémentaire du manque d'entrain des salaires cadres, les disparités sectorielles se resserrent. Moins d'un point sépare la filière RH & Juridique, la mieux revalorisée avec une hausse de 1,51 %, de la filière Informatique & Télécoms, créditée de la plus faible augmentation constatée en 2014, avec + 0,7 % seulement. En 2013, cet écart était deux fois plus important.
« En 2014, la fiche de paie des cadres affiche une revalorisation supérieure à celle enregistrée un an plus tôt. Ce signal, certes positif, doit toutefois être nuancé. D'une part, la hausse de salaire est faible : + 0,9 %. D'autre part, elle s'inscrit dans un environnement économique hexagonal privé de moteur où la croissance, de ce fait, ne décolle pas. Cette méforme entretient en outre l'inertie de l'inflation qui, à son tour, freine l'évolution des salaires. Ainsi, grandes entreprises et PME n'ont souvent d'autre choix que d'adopter des politiques salariales prudentes, marquées du sceau de la maîtrise des coûts. Les salaires des cadres ne devraient retrouver vigueur et dynamisme qu'à la faveur d'un retour de la croissance », déclare Didier Gaillard, directeur général d'Expectra.
Les salaires des cadres aux prises avec une croissance atone
En hausse de 0,9 % sur un an, les salaires des cadres affichent en 2014 une progression pour le moins modérée.
Comment l'expliquer ? Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte.
[1] http://www.insee.fr/fr/indicateurs/analys_conj/archives/GardeVueb_062014.pdf
[2] http://www.insee.fr/fr/indicateurs/analys_conj/archives/GardeVueb_062014.pdf
[3] http://www.cae-eco.fr/IMG/pdf/cae-note005.pdf
Alors qu’en 2013 les ingénieurs de la filière IT (Informatique & Télécoms) s’arrogeaient les trois premières places, le classement 2014 laisse la place à un podium hétérogène. Trois qualifications issues de secteurs différents occupent le trio de tête des plus fortes hausses de salaires chez les cadres : le commerce (chef de produit f/h, + 5,6 %), la comptabilité (responsable comptabilité f/h, + 4,5 %) et l’industrie (ingénieur méthodes f/h, + 3,8 %). Au demeurant, l’ensemble des filières est bien représenté dans le Top 10, aucune d’entre elles ne sortant particulièrement du lot.
Malgré la diversité des métiers représentés, il est toutefois possible de distinguer un fil rouge dans ce classement, qui dit les priorités et les contraintes des employeurs. Les métiers les mieux revalorisés (tels que chef de produit f/h et chargé d’affaires f/h) signalent en effet la volonté des entreprises de maximiser leur portefeuille existant en appui, par exemple, sur des efforts accrus de remarketing ou de vente. Et ce faute d’avoir, le plus souvent, les marges de manœuvre financières pour développer de nouveaux services et/ou produits.
[1] Salaire annuel brut exprimé en euros. Le salaire médian, à ne pas confondre avec le salaire moyen, divise la population en deux parts égales : l’une gagne moins, l’autre gagne plus.
En 2014, les salaires de la filière Ressources Humaines (RH) et Juridique progressent de 1,51 % par rapport à 2013 (+ 0,2 % seulement en 2013 par rapport à 2012). Il s’agit de la meilleure performance, toutes filières confondues. Ce résultat a deux causes principales.
Dans un environnement marqué par de nouvelles réglementations – parfois jugées contraignantes – et sous pression financière, les employeurs portent une attention forte au pilotage et à l’animation de leurs relations sociales. D’où le besoin d’étoffer leurs équipes et de bénéficier des bonnes compétences, notamment en droit social. Une situation qui tire salaires et offres d’emploi à la hausse.
Zoom métier : Responsable des ressources humaines F/H
Le responsable RH bénéficie de la plus forte revalorisation salariale de la filière, avec une hausse de 2,7 % par rapport à 2013, pour un salaire médian de 47 680 €. Cette augmentation est à mettre en parallèle avec l’évolution du nombre d’opportunités de recrutement, en hausse de 10 % en 2014. Parmi les missions attendues figurent notamment la veille réglementaire et la négociation des avantages sociaux.
C’est ainsi que, face à une conjoncture incertaine, de plus en plus d’entreprises cherchent à comparer leur politique de rémunération pour réduire les coûts salariaux tout en restant attractives. De nombreuses opportunités sont ainsi offertes pour des responsables Rémunération & Avantages sociaux (Compensation and Benefits, dit « Comp & Ben »). Cette recrudescence d’opportunités pour des profils RH en droit social laisse apparaître un début de pénurie et des difficultés à recruter ces profils.
La filière enregistre la deuxième meilleure performance cette année, avec une hausse des salaires cadres de 1,29 % par rapport à 2013 (+ 0,4 % en 2013 par rapport à 2012). Cette dynamique salariale traduit un contexte économique exigeant, où le savoir-être et un savoir-faire spécifique sont l’alpha et l’oméga des métiers du commercial et du marketing.
Zoom métier : Chef de produit F/H
Avec + 5,6 % de hausse de salaire et un salaire médian de 41 370 €, le chef de produit marketing enregistre la meilleure performance cette année. Cette plus-value est surtout la conséquence d’une exigence plus forte en termes d’expérience, et de compétences.
Les entreprises sont prêtes à consentir un effort sur les salaires dès lors que le profil répond aux exigences demandées, comme par exemple :
> Une expérience de 5 à 6 dont 2 ans chez un pure player du web ou du marché des technologies ainsi qu’une expérience du multicanal.
> Une très bonne connaissance d’un secteur d’activité
> Une bonne maîtrise des outils (Excel ou analytics) pour l’analyse de données opérationnelles
> Une très bonne maîtrise de l’anglais pour bien communiquer dans un environnement international
A noter également que les chefs de projet webmarketing, malgré des rémunérations restées stables (salaire médian de 38 590 €), profitent de la dynamique liée au web et au digital, avec un nombre d’opportunités en hausse de 20 %.
Les rémunérations des cadres de ce secteur ont progressé en 2014 de 0,89 % sur un an, une hausse supérieure à celle de l’année dernière (+ 0,4 % en 2013 par rapport à 2012). Les salaires de la filière sont d’abord tirés par la recherche toujours plus grande de compétitivité à laquelle sont confrontées les entreprises et leur volonté de baisser les coûts de production sans pour autant sacrifier la qualité. Des exigences qui résument, à grands traits, la feuille de route des ingénieurs en 2014.
Zoom métier : Ingénieur méthodes F/H
La plus forte hausse de salaire de la filière revient à l’ingénieur méthodes, avec une fiche de paie revalorisée de 3,8 % en un an, pour un salaire médian de 38 810 €.
Dans un contexte de recherche de compétitivité, les entreprises optimisent leurs coûts de production en agissant principalement sur deux leviers. D’une part sur les méthodes et les process, d’autre part sur la supply chain. Particulièrement recherchés, les ingénieurs méthodes enregistrent une hausse des opportunités de recrutement de 12 % en un an. Le Lean management reste la compétence la plus demandée pour ces profils.
Les cadres du secteur voient leur salaire augmenter de 0,82 % cette année par rapport à 2013. Cette performance, bien que modérée, est toutefois légèrement supérieure à celle observée en 2013 (+0,6 % par rapport à 2012), confirmant ainsi la tendance haussière enclenchée depuis 2009.
Zoom métier : Responsable comptabilité F/H
Avec une hausse de salaire de 4,5 % sur un an, le responsable comptabilité – salaire médian de 42 350 € – est crédité de la deuxième meilleure performance en 2014. Comptabilité statutaire, gestion des flux de trésorerie, établissement des consolidés dans le respect des procédures comptables et fiscales : autant de responsabilités qui lui incombent. Parmi les compétences exigées, la maîtrise d’un référentiel, IFRS ou US GAAP, mais aussi de très bonnes compétences linguistiques en anglais, ainsi que la très bonne connaissance d’un ERP type SAP ou Sage. Par ailleurs, les fortes exigences exercées sur les directions financières à produire des états financiers dans le respect des délais imposent aux responsables comptabilité de disposer de compétences managériales éprouvées.
Renversement de tendance pour la filière IT. Alors qu’elle affichait, il y a un an, la meilleure revalorisation sectorielle (+ 1,8 % en 2013 par rapport à 2012), l’IT ferme le ban en 2014, avec une augmentation de 0,7 % sur un an. Cette faible progression reflète la croissance du chiffre d’affaires du secteur, attendue sur l’ensemble de l’année à seulement 1,1 %, selon les prévisions du Syntec numérique.
Même si les niveaux de maturité sont différents et les besoins disparates selon les entreprises, le secteur IT est caractérisé par trois projets phares : le Cloud computing (cf. zoom métier), la mobilité et le Big Data.
Zoom métier : Architecte technique F/H
Il est celui dont le salaire a le mieux progressé dans la filière IT en 2014, avec une hausse de 3,3 % – et un salaire médian de 44 610 €. Sa rémunération est tirée par les deux principaux enjeux relatifs au Cloud computing, l’accès optimisé aux données et la sécurité.
Notons également que les employeurs attendent également des architectes techniques une montée en compétences en matière de management de projets, d’assistance à maîtrise d’ouvrage, d’architecture ou encore de pilotage de contrat. Le Cloud computing étant en effet une forme d’externalisation, l’acquisition de compétences managériales, techniques et juridiques devient incontournable.
Le baromètre Expectra des salaires cadres est bâti à partir de l’ensemble des postes pourvus par Expectra (Intérim*, CDD et CDI) sur des profils allant de bac + 2 à bac + 5.
Au total, plus de 68 800 fiches de paie ont été analysées, représentant 117 qualifications dont 60 fonctions cadres et 57 fonctions ETAM (employés, techniciens et agents de maîtrise), sur les métiers de cinq grandes filières d’activité : l’informatique et les télécommunications, l’ingénierie et l’industrie, la comptabilité et la finance, les ressources humaines et le juridique et enfin les métiers du commercial et du marketing.
Il présente les rémunérations (médianes, minimales et maximales) et les évolutions de salaire enregistrées sur l’ensemble de l’année 2014 par rapport à 2013.
Au global, 8 350 entreprises sont représentées, dont 65 % en province et 35 % en Ile-de-France.
* La règle imposant qu’un(e) intérimaire soit rémunéré(e) au même niveau qu’un(e) salarié(e) titulaire garantit une bonne représentativité des salaires.
Quel salaire pour un jeune diplômé