En cette période d’inscriptions à la faculté, moment-clé pour le choix de la mutuelle étudiante, l’UFC-Que Choisir rend public ce jour son constat calamiteux sur le fonctionnement de ces organismes privés investis d’une mission de service public et en appelle à une remise à plat d’un système aussi défavorable aux étudiants qu’onéreux pour la collectivité.
Suite à des plaintes d’étudiants sur les services des mutuelles étudiantes, l’association a initié un sondage et une enquête de satisfaction en ligne[1] (837 réponses) en analysant parallèlement le fonctionnement de ces organismes et leurs contrats de complémentaire santé. Quelle que soit la matière étudiée, les mutuelles étudiantes ne méritent qu’un bonnet d’âne.
La distribution, dans un même lieu et par les mêmes organismes privés, de la sécurité sociale étudiante obligatoire et d’activités commerciales facultatives (complémentaire santé, assurance habitation ou automobile, banque, etc.) aboutit à une totale méconnaissance de leurs droits par les jeunes. Ainsi, seuls 39 % des étudiants interrogés ont intégré le rôle premier des mutuelles -remplacer la sécurité sociale de leurs parents- et pas plus de 43 % ont compris que le niveau des remboursements, pour la partie sécurité sociale, est le même quel que soit leur choix. Pire, 37 % des nouveaux étudiants ignorent que les complémentaires santé qu’elles proposent ne sont pas obligatoires.
Plus encore que sur la clarté de leur mission, c’est dans leurs relations à l’assuré que les mutuelles ratent leur examen de passage. Ainsi, le tiers des nouveaux inscrits dans les études supérieures attend plus de 3 mois sa carte Vitale, et ne peut donc, pendant ce temps, bénéficier du tiers payant ! Et gare à ceux qui ont la mauvaise idée de contacter leur mutuelle : moins d’un appel sur deux (45 %) aboutit auprès de la LMDE (la principale mutuelle étudiante), contre 88 % pour l’Assurance maladie.
Par ailleurs, les juristes de l’association ont trouvé des clauses abusives dans les contrats de complémentaires santé de toutes les mutuelles étudiantes. Les plus récurrentes portent sur l’impossible résiliation suite à une modification unilatérale des contrats par les mutuelles, notamment sur les cotisations et les remboursements, l’obligation du mode de paiement (prélèvement), des délais trop courts pour la déclaration des sinistres et la limitation des recours en cas de litiges.
Les frais de gestion des mutuelles sur leur mission de sécurité sociale ont représenté pas moins de 93 millions d’euros en 2011, soit 13,7 % des prestations versées. C’est trois fois plus que l’assurance maladie ! Comment ne pas s’en indigner quand on sait que c’est la collectivité qui supporte ces frais qui résultent notamment du caractère concurrentiel du régime, véritable exception en Europe et qui empêche les économies d’échelle ? Que dire enfin d’un mode de financement public des mutuelles qui les pousse à multiplier les dépenses de marketing pour recruter un maximum d’affiliés, donc de financements ?
Convaincue que la santé des étudiants mérite une action ambitieuse, l’UFC-Que Choisir :
Mutuelles Etudiantes : petit guide pratique des mutuelles étudiantes. Annuaire des agences et nouveauté et innovation dans le domaine des mutuelles à destination des étudiants