Ce disque constitue un incontestable tournant dans la carrière de celui dont on savait les talents protéiformes, aussi bien pianiste qu'arrangeur, compositeur que producteur. Cette fois, Eric Legnini, qui s'affirme comme le plus brillant des pianistes de jazz en France, embrasse les quatre rôles dans un même élan, signant dix des onze thèmes d'un répertoire « plutôt joyeux, mais avec quelques pointes de mélancolie », un ensemble de climats et formats dont la grande diversité ne masque pas la profonde unité, avec en fil rouge, la voix somptueuse de Krystle Warren.
Instrumentaux up tempo et chansons douces, l'afrobeat et ballade philosophique, relecture de son ancien « Nightfall » travesti par les maux blues de Krystle Warren et clin d'œil au swing afrojazz anglais, harmonies pop et Harlem joyeux des années 90, piano percuté ou solo à fleur de cordes... Pas de doute, cet album rassemble le pluriel de ses suggestifs, une marque de fabrique qui ne ressemble qu'à lui, Eric Legnini. Ni revivaliste, ni avant-gardiste, juste raccord avec son horloge interne. Une heure au présent de son subjectif, des sonorités seventies mixées à l'actualité.
The Vox. Le mot fait double sens chez Eric Legnini, producteur attentif aux voix singulières et pianiste aux connexions multiples. Depuis plus de vingt ans, son parcours ressemble à un voyage dans le monde des musiques. Un bon trip pour reprendre la formule de son dernier disque, « Trippin' ». Tout à la fois hommage au funk feulé des Meters et au swing feutré de Bill Evans, cet album en trio concluait un triptyque initié cinq ans plus tôt par celui qui, après s'être fait les deux mains à la plus rude des écoles, la scène new-yorkaise, s'imposa comme le pilier des jazz-clubs parisiens. Cette trilogie (« Miss Soul », « Big Boogaloo » et enfin « Trippin' ») aura dressé un inventaire des références qui ont façonné la personnalité du natif de Huy, un bourg près de Liège. Nul doute que ce trip en forme de tri sélectif dans une carrière pour le moins éclectique annonçait d'autres lendemains enchantés chez ce musicien pour qui la versatilité rime avec la curiosité, l'originalité s'arrime à l'historicité. « Depuis tout ce temps, je cherche humblement à évoluer. Ne pas se répéter est un moteur essentiel à la création, ce qui n'exclue pas d'emprunter les mêmes chemins que mes aînés. »
The Vox, c'est donc le titre de son nouvel opus. Sur la voie de la voix, Eric Legnini se met aux manettes, de A à Z, pour changer de braquet au virage de la quarantaine. Quoi de plus normal pour celui qui a accompagné plus d'une fois des chanteurs de tout horizon, du hip-hop au jazz, d'Henri Salvador à Yaël Naïm, de Souleymane Diamanka à Christophe... « Avec la voix, tout devient plus clair, plus lisible. Au premier degré. » Comme une belle évidence pour cet amateur de Monk. Démarré dès la sortie de « Trippin' », testé en direct lors d'une carte blanche à La Villette, éprouvé après une semaine au Ghana, peaufiné à Los Angeles par l'émérite mixeur « multigramminé » (Sheryl Crow, Norah Jones, Solomon Burke...) Islandais S. Husky Höskulds, ce disque constitue un incontestable tournant dans la carrière de celui dont on savait les talents protéiformes, aussi bien pianiste qu'arrangeur, compositeur que producteur. Cette fois, Eric Legnini embrasse les quatre rôles dans un même élan, signant dix des onze thèmes d'un répertoire « plutôt joyeux, mais avec quelques pointes de mélancolie », un ensemble de climats et formats dont la grande diversité ne masque pas la profonde unité. Instrumentaux up tempo et chansons douces, hommage explicite au Black Président de l'afrobeat et ballade philosophique inspirée par le poète Gerard Manley Hopkins, relecture de son ancien « Nightfall » travesti par les maux blues de Krystle Warren et clin d'œil au swing afrojazz anglais, harmonies pop et Harlem joyeux des années 90, piano percuté ou solo à fleur de cordes... Dans ce dédale de multipistes, raisonnent sans cesse la culture du sample ajusté et le culte de l'instant présent, le rythme majuscule et l'harmonie majeure. Autant de fils que cet orfèvre de la ligne claire entremêle avec doigté, afin de tisser une écriture mélodique qui constitue la trame essentielle, un canevas finement brodé qu'il enrichit de sa science du son, le sien.
The Vox, c'est aussi l'aventure d'un groupe. Au centre, la fidèle paire rythmique tout terrain, Frank Agulhon aux baguettes et Thomas Bramerie à la contrebasse, renforcée par deux guitaristes, le Belge Daniel Roméo, bassiste funk et ami d'enfance de Legnini, et le Congolais Kiala Nzavotunga, compagnon de route de feu Fela et fondateur du groupe Ghetto Blaster, et une section de cuivres à l'ancienne, du jazz funk comme au bon vieux temps des Brecker Brothers. Eric Legnini and the Afro Jazz Beat, cette appellation résume les enjeux de cet album. Chaque mot compte. Le jazz, canal historique, entendez progressiste comme il y a eu un rock progressif, une « musique qui cherche et improvise au goût du jour », comme le fit en son temps Ellington, l'un des maîtres à penser d'Eric Legnini. L'afro, versant rythmique, traduisez des cadences obliques, comme celles des glorieuses années 70 de Tony Allen. Le beat, tendance esthétique, comprenez la culture du funk, du hip-hop, du sample, de la boucle, « une idée de transe entre les lignes »,. « Je voulais que cela reste du jazz dans les harmonies, mais que cela soit de l'afro-beat dans sa fonction ». Pas question de sonner comme une banale décalcomanie, il s'agit de développer une vision originale. A l'image du chant de Krystle Warren, la muse afro-américaine dont la présence clair-obscur ajoute un nécessaire parfum d'ambiguïté : ses mots habitent six des onze thèmes, des chansons qui oscillent entre les teintes mélancoliques de la folk et les tessitures plus soyeuses de la soul.
The Vox, plus qu'un projet, est un trajet. Celui d'un apprenti-sorcier des claviers pour qui un disque est work in progress, le résultat de centaines d'heures de studio et de kilomètres de scènes, tout sauf une recette préconsumée mais bel et bien une galette composée de multiples touches, un singulier désir de musiques. C'est ainsi qu'il s'est construit une identité, qu'il bâtit aujourd'hui une thématique, qui fait le point et le pont entre toutes ses personnalités. Afro-beat, jazz soul, folk pop, tous ces univers cohabitent dans tous les titres, harmonieuse alchimie d'un mélange subtil que seul sur un mince fil Moogoo, l'autre facette d'Eric Legnini, son indispensable double, pouvait aboutir dans le laboratoire qu'est le studio de ses pensées nocturnes. Pas de doute, cet album rassemble le pluriel de ses suggestifs, une marque de fabrique qui ne ressemble qu'à lui, Eric Legnini. Ni revivaliste, ni avant-gardiste, juste raccord avec son horloge interne. Une heure au présent de son subjectif, des sonorités seventies mixées à l'actualité.
En tournée
20/01/11 | PARIS (75) FIP (trio)
28/01/11 | SENS (89) Théâtre de Sens (sextet)
29/01/11 | COMPIEGNE (60) Espace Jean Legendre (sextet)
24/02/11 | Albertville (73) Dôme Théatre (sextet)
04/03/11 | GUEBWILLER (68) Le caveau des dominicains (sextet)
14/03/11 | ORTHEZ (64) Théâtre Francis Planté (sextet)
15/03/11 | ANCENIS (44) Le Théâtre (sextet)
22/03/11 | PARIS (75) Café de la Danse (sextet)
24/03/11 | Montbrison (42) Theatre des Penitents (sextet)
25/03/11 | GUIDEL (56) L'Estran (sextet)
26/03/11 | FOUESNANT (29) L'Archipel (sextet)
29/03/11 | CULLY (SUI) Cully Lavaux Jazz Festival (sextet)
31/03/11 | SCEAUX (92) Les Gémeaux-Sceaux What (sextet)
01/04/11 | SCEAUX (92) Les Gémeaux-Sceaux What (sextet)
02/04/11 | VERNOUILLET (28) Salle des fêtes (sextet)
15/04/11 | VENDENHEIM (67) Espace Culturel (sextet)
29/04/11 | MASSY (91) Centre Paul Bailliart (sextet)
07/05/11 | PARIS (75) (trio)
11/05/11 | LE VESINET (78) Le Théâtre (sextet)
20/05/11 | AUBAGNE (13) Théâtre Comoedia (sextet)
19/06/11 | MAISONS LAFFITTE (78) Jazz à Maisons Laffitte (trio)
20/06/11 | CAMIAC ET ST DENIS (33) (solo)
29/06/11 | Vienne (38) Jazz à Vienne (sextet)
02/07/11 | COMBLAIN LA TOUR (BEL) Comblain Jazz Festival (sextet)
22/07/11 | NEUVILLE DE POITOU (86) Neuvil'en Jazz (trio)
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