Syd Matters : Nouvel Album GHOST DAYS

Dans les bacs à partir du 16 janvier 2008

Publié le 16 décembre 2007

Ghost Days

Nouvel album

Sortie le 14 janvier 2008

->En concert:

17/11 - Lyon - Le Transbordeur

08/12 - Rennes - Bars en Trans

25/01/08- Sannois - EMB

07/02/08 - Hyères - Théâtre Denis

08/02/08 - Marseille - Le Poste à galène

09/02/08 - Arles -Le Cargo de nuit

12, 13 et 14/02/08 - Paris - Café de la Danse

22/02/08 - Mâcon - La Cave à musique

21/03/08 - Rion - Festival les Volcaniques de Mars

29/03/08 - Magny - File 7

->Biographie

Il faut imaginer Syd Matters seul dans son appartement tandis qu'à la fenêtre l'aube pointe. Voilà presqu'une semaine qu'il n'a parlé à personne et que le compte des heures et jours peu à peu lui échappe. Les souvenirs de l'enfance reviennent les uns après les autres et parfois s'entrechoquent. Il compose des mélodies limpides à la guitare. Loin du fracas du monde et au plus près de sa musique intérieure. Et alors que le jour vient la chanson s'élève soudain. Joie étrange: Syd se sent à la fois très présent et très flottant. Tels sont ses jours fantômes: « Ghost Days » comme il dit. Et qui donne son titre à son troisième album. Qui est aussi le plus beau à ce jour.

Non pas que Syd ait jusque là chômé. Venu de nulle part mais révélé en 2002 par sa victoire au premier concours CQFD des Inrockuptibles - il a alors 22 ans -, le parisien Jonathan Morali, alias Syd Matters, a depuis conquis la critique et le public avec deux albums envoûtants. D'abord
« A Whisper And A Sigh» (2003), porté par son tube space-folk « Black & White Eyes ». Puis
« Someday We Will Foresee Obstacles » (2005) sublimé par des concerts amples, enchanteurs, pink-floydiens - précisons qu'entre temps, Jonathan s'est entouré de quatre musiciens complices, Olivier, Jean-Yves, Clément, Remi, offrant ainsi une nouvelle envergure à Syd Matters. Cet automne, on a encore parlé de lui à l'occasion de la sortie du film « La Question Humaine » dont il a signé la BO. Et qu'il évoque aujourd'hui comme une expérience décisive : de celles qui vous font grandir.

« Travailler avec le réalisateur Nicolas Klotz m'a beaucoup appris, raconte-t-il. J'ai vu quelqu'un qui ne se laisse jamais débordé par les mille et un problèmes que pose la production d'un film mais reste concentré sur l'essentiel : sur son propos. Cet engagement total m'a guidé pour « Ghost Days » lorsque fatalement, tu es assailli par des questions du genre «mon disque sera-t-il vendable? Les gens qui travaillent avec moi sont-ils satisfaits? » Et que tu risques de perdre l'essentiel. »

Rester concentré. Surtout ne pas chercher à séduire. Mais coller à sa vérité. Une attitude rare qui fait de « Ghost Days » un album important et magnifique. Un album dans lequel on entre irrésistiblement. Et qui à chaque nouvelle écoute révèle un peu plus sa subtile richesse - les Américains appellent ça un « grower » - à l'instar de la plupart des disques fétiches de Syd Matters tel le « Kid A » de Radiohead ou le « Ys » de Joana Newsom.

Mais encore? On pourrait bien sûr s'amuser à collecter les références qui ça et là parsèment « Ghost Days ». Noter que le « shame on you crazy jackson » (« I'll Jackson ») est un joli clin d'oeil à Pink Floyd. Ou que « Louise » sonne comme la suite de l'épisode « Suzanne » de Leonard Cohen. Ou encore que la voix traînante et souple, ardente et magnétique de Jonathan le rapproche imparablement d'un Thom Yorke. Ou enfin que les arpèges subtiles de « Big Moon » entrent en belle résonance avec ceux du « Pink Moon » de Nick Drake. Mais bon, dans le cas de Syd Matters, le jeu se révèle vite vain. Car Syd est un bloc de singularité. S'il a à l'évidence écouté beaucoup de musique, il en a métabolisé plus encore. Et étonne depuis le début par son art soigné du songwriting, son style aérien, onirique et dense, sa signature unique et que l'on reconnaît immédiatement.

Mais le plus impressionnant, c'est de voir Syd Matters évoluer, disques après disques, vers le simple et le spontané. «Entre la tournée d' « Obstacles » avec le groupe et la composition de la B.O, j'ai appris à lâcher prise, à m'ouvrir aux autres, à ne plus essayer d'avoir le contrôle sur tout, confirme Jonathan. Je suis arrivé pour la première fois en studio avec des maquettes pas forcément fignolées. Je m'en suis remis au groupe. Ce qu'on voulait, c'est enregistrer le plus live possible, avec un côté bricolé, quitte à garder les imperfections.»

Ce souci d'authenticité innerve aussi les thèmes de « Ghost Days ». Oubliée, l'Amérique fantasmatique de « Black and White Eyes » ou du « To all of you » (« American girls in the movie ») d' « Obstacles ».

Cette fois-ci les fantasmes et les écrans de cinéma ont disparu, laissant le jeune homme en prise directe avec sa vérité. Le propos de « Ghost Days »? «J'ai écrit cet album en exil, seul dans mon appart, totalement déphasé par rapport au monde extérieur. Et je me demandais : quand il ne se passe rien, qu'est-ce qu'il se passe ? Je voulais parler du quotidien, celui de notre génération issue d'une classe moyenne sans histoire.» Car voilà : «Le cliché c'est : pour avoir quelque chose à dire, il faut vivre des choses. Oui, mais quand il ne se passe rien dans la vie, ça vaut aussi le coup d'en parler.»

Il y a plus : la retraite de Syd au creux de ses jours fantômes l'a aussi amené à dresser un bilan avant mutation. « A force d'écrire et de composer sur la nostalgie, tu finis par te demander : mais au fait, est-ce que c'était si bien que ça, le passé ? Et tu te rends compte que non : c'était pareil. Comprendre cela me donne envie de faire que les choses, à l'avenir, soient plus belles.»

Disons le autrement. Syd Matters appartient en effet à cette middle-class européenne en descente. D'où sa mélancolie. Mais il fait surtout partie de cette minorité active qui a choisi de prendre ses distances d'avec le spectacle vide et avide de la société. Qui mise sur le désir de dépouillement plutôt que sur l'injonction à jouir. Se faisant, il signe la possibilité d'une île, comme dit l'écrivain. Mais une île qui émet et se fait entendre par l'entier archipel des coeurs mélancoliques et des chercheurs de beauté. C'est ainsi que Syd Matters s'ouvre à un futur passionnant. Et qui commence aujourd'hui.