Face à l'amenuisement de la légitimité et au déclin de l'efficacité des institutions représentatives (partis, syndicats, experts de toute sorte), ainsi qu'à l'affaiblissement des structures traditionnelles de la démocratie représentative, une nouvelle demande de participation à la vie politique se fait jour.
Les médias de masse, les sondages, les technologies nouvelles de l'information et de la communication ne sont pas en mesure de combler la distance qui s'est établie entre le peuple et ses représentants.
Les citoyens ordinaires manifestent de plus en plus ouvertement et fortement leur capacité à se mobiliser, en particulier sur les scènes du conflit politique ordinaire, pour interpeller les autorités leur résister, s'opposer à elles en court-circuitant les organisations politiques traditionnelles.
Les manifestations de la montée en puissance de la parole citoyenne dans l'espace public grâce aux forums, blogs, pétitions sur Internet ou encore aux conseils de quartier, aux jurys de citoyens, aux débats publics, aux assises diverses, montrent que, dans les démocraties contemporaines, les citoyens n'acceptent plus de rester silencieux en laissant la légitimité de la parole et de la décision à leurs représentants dans l'intervalle entre les consultations électorales.
Partant de ce constat que l'élection présidentielle de 2007 a fortement mis en lumière, l'auteur pense que si cette insatisfaction à l'égard de la démocratie représentative et de ses médiations traditionnelles n'annonce pas la mort de la démocratie elle-même, elle pose de nombreux et redoutables problèmes.
La démocratie participative, notion encore floue, désigne-t-elle
« une ambition de revitalisation des démocraties contemporaines » et,
offrant de véritables motifs d'espérance, peut-elle s'imposer comme
« l'horizon indépassable de notre condition démocratique » ?
Ne risque-t-elle pas, en revanche, de conduire à une dilution de toute forme d'autorité collective, au bénéfice des intérêts ou des émotions de chacun, voie ouverte vers une « démocratie d'opinion » et ses dérives possibles en direction d'une démagogie pure et simple ?
Ou encore, comme le pensent nombre de démocrates sincères et comme peuvent le laisser penser de nombreux éléments de l'enquête menée par l'auteur, la démocratie participative ne risque-t-elle pas d'être manipulée par les pouvoirs en place pour masquer un possible retournement contre les objectifs dont elle se réclame ? « Sous les appellations les plus diverses -"forums", "assises", "grand débat"...- ne s'agit-il pas, très souvent d'opérations à visée plus symbolique qu'à portée réelle, dans lesquelles le pouvoir politique se garde bien de se lier les mains » ?
Après avoir tenté un bilan descriptif « informé et critique du foisonnement d'initiatives qui, aujourd'hui à travers le monde visent à donner corps à cet idéal participatif », l'auteur, en essayant « de ne pas se laisser prendre aux pièges des mots-programmes - participation, débat public, citoyenneté active...- tellement sollicités qu'ils finissent par perdre toute signification » tente, dans ce petit livre clairement écrit, de répondre à ces questions cruciales en s'appuyant sur un bilan aussi complet que possible des expériences récentes tant en France qu'à l'étranger. Sans occulter « les limites les difficultés et les éventuels effets pervers des applications contemporaines de la démocratie participative », ce bilan laisse entrevoir des raisons d'espérer quant aux manières efficaces de concrétiser un tel idéal.
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