Ce petit livre reprend trois conférences données au Collège de France en octobre 2005 par Daniel Cohen, professeur de sciences économiques à l'Ecole normale supérieure et à l'Ecole d'économie de Paris.
Il oppose d'emblée la société industrielle du XXè siècle à la société post-industrielle du XXIè siècle.
La première, construite autour de la grande firme industrielle scellait l'unité de la question économique et de la question sociale ; même si leurs rapports étaient souvent conflictuels, ouvriers, contremaîtres, ingénieurs et patrons, pris dans une solidarité mécanique, avaient comme objectif commun de protéger la firme des aléas de la conjoncture.
Le capitalisme contemporain organise, en revanche, la destruction systématique de cette société en dissociant les différents étages de la firme industrielle (externalisation du travail, recours aux sous-traitants) ; conséquences : les différents membres ne se rencontrent plus et que la question économique et la question sociale se trouvent dissociées. Fin de la solidarité.
L'emploi qui, au XIXè siècle s'était déversé de l'agriculture dans l'industrie passe à la fin du XXè siècle de l'industrie aux services. Les tâches strictement industrielles tendent à se réduire au strict minimum, la société post-industrielle étant une société de la connaissance et de l'information dans laquelle tout objet produit (médicament, film, logiciel etc.) coûte infiniment plus cher à concevoir qu'à produire physiquement. Le paradigme de l'économie analysé par Marx ou Adam Smith subit un renversement complet.
Partant de cette opposition sommairement résumée ici, ainsi que des différences considérables entre la mondialisation actuelle et celles qui l'ont précédée, l'auteur nous incite à réfléchir sur quelques uns des grands enjeux de notre temps et des défis que devra relever le monde à venir :
- les difficultés à réguler la société post-industrielle avec ce paradoxe : c'est au moment où la mondialisation ouvre les frontières que les « modèles » nationaux se différencient,
- les difficultés de l'Europe à définir un nouveau modèle social, le vieux continent étant en quelque sorte pris entre deux feux : concurrencé par les pays dits émergents dans le domaine industriel et distancé par les Etats-Unis dans le domaine de l'immatériel qui est le propre de la troisième révolution industrielle,
- la singularité du modèle social français « habité par une contradiction entre deux systèmes de valeurs » que la France n'a jamais su concilier : le modèle « clérical » et le modèle « aristocratique » et dont la dichotomie entre grandes écoles et Université est représentative ; un modèle social incapable de produire de la cohésion sociale et dont la crise des banlieues en 2005 a été « un formidable résumé »,
- les aspirations de la moitié pauvre du monde,
- les conséquences de la mondialisation sur la démographie et les difficultés auxquelles sera inévitablement confronté le monde des années 2050, au moment où la transition démographique n'aura pas encore eu le temps de faire sentir ses effets.
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