Le numérique est clairement envisagé aujourd’hui dans la politique publique de l'enseignement supérieur comme un levier et un accélérateur de la démocratisation des savoirs, donc de la réussite pour tous. Les savoirs numériques participent aujourd'hui de l'insertion professionnelle des étudiants (Mme FIORASO, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, lors du lancement de France Université du Numérique).
L’Association Pasc@line s’investit fortement dans la formation en alternance, en relation avec les entreprises et les écoles. Elle a réuni récemment les acteurs impliqués dans l’apprentissage, afin de trouver des pistes de réflexion et d’action pour une politique nouvelle de l’apprentissage. L’apprentissage est une porte d’entrée à l’enseignement supérieur et à l’éducation, ce n’est pas un privilège réservé à un petit nombre, d’autant que le pays et l’économie ont besoin de talents nouveaux.
Les entreprises réunies par l’Association Pasc@line ont faire part de leurs difficultés à accueillir des jeunes en apprentissage et certaines sont même prêtes à renoncer à ce mode de formation pour des raisons liées à l’extrême complexité des processus administratifs et de financement. Ceci est particulièrement vrai pour les PME pour qui former un jeune à leur métier et culture prépare le plus souvent un recrutement réussi. Cette attitude risque de déstabiliser les écoles et les universités qui ont investi dans l’apprentissage (pédagogie et rythmes adaptés, validation des acquis,…).
C’est l'avenir même de l'apprentissage dans le supérieur qui risque d'être compromis, faute d'entreprises d'accueil et d'établissements de formation capables d'équilibrer leurs budgets. Il est donc urgent aujourd’hui d’élaborer dans un cadre institutionnel une nouvelle politique afin de donner leur chance aux jeunes qui veulent poursuivre des études supérieures en apprentissage.
Pour Jean-Marie Chesneaux, Directeur de Polytech UPMC, membre de la Commission Numérique de l’Association Pasc@line : « Il faut bien faire savoir aux jeunes qu’un diplôme du supérieur, qu’il soit obtenu en apprentissage, ou non, a la même valeur. Mais en plus ces jeunes apprentis bénéficient de 3 ans d’expérience en entreprise, ils ont acquis des compétences et gagné du temps car ils sont immédiatement opérationnels dans le monde du travail. Les frais de scolarité sont de plus en plus élevés et l’apprentissage ouvre la porte de l’enseignement supérieur à une plus grande diversité d’étudiants, c’est un système social et démocratique qui nous vient du compagnonnage ».
Pour Mme Dominique Dervieux, Directrice adjointe Recrutement – Mobilité, CGI France, membre de la Commission Numérique de l’Association Pasc@line, : « L’apprentissage vient naturellement compléter la politique de recrutement chez CGI et on encourage même les salariés à faire jouer leur réseau afin de proposer à des étudiants de venir faire leur apprentissage dans notre entreprise. On développe également une communication interne sur l’alternance afin de recruter et former les tuteurs. Un apprenti n’est pas un stagiaire et le tuteur doit valider l’acquisition des compétences, mais aussi le comportement, le savoir être, etc… et cela fonctionne très bien. Mais un des points importants c’est l’implication de la direction générale et du Président».
Pour M Laurent Hua Directeur de l’ECE, école membre de l’Association Pasc@line : «En 2013 il y a 120 élèves en apprentissage dans l’école, soit 10% des effectifs. On construit un système pédagogique et un rythme particulier pour eux et on leur impose une expérience internationale durant leur apprentissage en entreprise ».
Les entreprises participant au colloque ont mis l’accent sur le fait que le jeune en apprentissage est un salarié comme les autres dans l’entreprise, ce n’est pas un stagiaire, mais un réel contributeur à la création de valeur de l’entreprise. L’apprentissage rentre dans la politique RH globale de l’entreprise. Lorsqu’un jeune a passé trois ans en apprentissage, l’intégration dans l’entreprise est faite et le recrutement est sécurisé.
Pour M Jean Michel Estrade DRH ATOS France : «L’apprentissage permet de diversifier les profils, les talents et les cultures ce qui est particulièrement important pour une société mondiale. Cela permet également d’attirer des jeunes filles vers les métiers du numérique. 150 jeunes sont en apprentissage pour 10.000 collaborateurs ATOS ».
Selon la conférence des grandes écoles en 2013 : « Les établissements d’enseignement supérieur sont toujours plus nombreux à offrir des filières de niveau master par la voie de l’apprentissage : ainsi, aujourd’hui 15% (bientôt 20%) des diplômes d’ingénieur sont délivrés par la voie de l’apprentissage. Cette formation bénéficie d’un double suivi école et entreprise et est très responsabilisante pour le jeune ».
Pour Christian Colmant, Délégué général de l’Association Pasc@line « Les dispositifs de soutien à l’apprentissage ignorent trop souvent le secteur des services professionnels à valeur ajoutée. Ainsi, le numérique, un secteur très dynamique, il représente un très important gisement d’emplois et manque aujourd’hui de jeunes talents. Il emploie près d’un million de personnes en France et propose chaque année, pour le seul domaine des Logiciels et Services, 40 000 emplois dont 10 000 créations de postes ».
En conclusion de ces échanges trois grandes lignes se dégagent pour mettre en place une nouvelle
politique de l’apprentissage
-Remplacer la contrainte administrative (taxe d’apprentissage) par une incitation positive
-Que les établissements d’enseignement supérieur puissent couvrir leurs frais et qu’ils ne
dépendent pas de la seule bonne volonté des entreprises
-Trouver de nouvelles sources de financement, compte tenu du désengagement structurel de
l’état : par exemple créer une contribution partagée par les entreprises, les pouvoirs publics et
les futurs diplômés, dans le respect de la diversité sociale.
D’autres pistes existent, elles dépendent de la volonté des politiques et de la prise de conscience que l’apprentissage dans le supérieur, en développant les compétences d’un plus grand nombre de jeunes est une arme contre le chômage et un atout de compétitivité.
Zoom sur l’Association Pasc@line
Créée en 2006, l’Association Pasc@line représente aujourd’hui plus de 1200 entreprises à travers 2 syndicats professionnels et plus de 75 établissements d’enseignement supérieur. Elle constitue un lieu unique d’échanges, de rencontres, d’anticipation et d’action entre le monde de l’éducation et les entreprises autour métiers d’ingénieurs dans le domaine des technologies numériques, elle est un référent dans ce domaine.
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