Interview de Karl Rigal, Porte-parole Monster.fr
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61% des jeunes diplômés restent sans emploi pendant six mois : la crise actuelle explique-t-elle à elle seule ce constat?
Karl Rigal
En l’espace de deux ans seulement, nous sommes passés de 42% à 61% de jeunes diplômés n’occupant aucun emploi un an après l’obtention de leur diplôme. Or, en 2 ans, la crise s’est amplifiée… il s’agit donc de la principale raison qui explique ce décrochage. La qualité des contrats de travail qui sont proposés aux jeunes diplômés s'est elle-aussi dégradée, la proportion de CDI ayant diminué au profit des CDD. Ce que nous constatons sur le site de Monster.fr, c’est que les entreprises qui recrutent ont besoin d’un retour sur investissement rapide et préfèrent donc miser sur des salariés justifiant d’un minimum d’expérience plutôt que d’embaucher des jeunes diplômés qu’ils devront former avant qu’ils soient complètement opérationnels.
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La question que se pose tous les étudiants : quels sont les métiers porteurs qui ne connaissent pas la crise?
Karl Rigal
En pleine période de crise, certains chiffres sont surprenants. Le Président de la République a annoncé que 200 000 à 300 000 recrutements ne pouvaient être réalisés en France faute de candidats. La mauvaise image de certains métiers, le manque de personnel qualifié dans des domaines pointus ou encore le décalage géographique peuvent expliquer ce différentiel entre l’offre et la demande. Cela concerne différents secteurs. Les métiers de l’hôtellerie et de la restauration sont particulièrement touchés par ce manque de candidats, ainsi que les métiers de bouche, comme celui de boucher vers lequel peu de jeunes s’orientent alors que les salaires d’embauche sont plutôt attractifs. Les ingénieurs restent également toujours très recherchés, particulièrement dans les domaines des hautes technologies et du Big Data. Enfin, les fonctions commerciales tirent bien leur épingle du jeu.
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Beaucoup d'étudiants optent pour des doubles formations : est-ce un gage pour trouver plus rapidement un job ?
Karl Rigal
Effectivement, HEC, l’EDHEC ou encore Science-Po, toutes les grandes écoles et les universités françaises font le pari de la double compétence (droit/management ou ingénieur/management). Les doubles formations ont le vent en poupe. Elles sont en plein développement car les perspectives en termes d’employabilité sont intéressantes. Sur Monster.fr, nous constatons que les professionnels sont de plus en plus nombreux à rechercher des profils multidisciplinaires qui auront la capacité d’évoluer sur plusieurs postes. On remarque également un intérêt important des recruteurs pour les doubles diplômes à l’étranger. En plus d’une deuxième langue, ils sont, aux yeux des recruteurs, synonyme d’une grande ouverture d’esprit, d’une certaine adaptabilité et une propension à la prise de risque.
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Les "balles neuves", diplôme(s) en poche arrivent sur le marché. Quels seraient les 5 conseils majeurs que vous pourriez donner à ces jeunes diplômés pour bien structurer et réussir leur recherche du premier emploi?
Karl Rigal
Avant de se lancer, tête baissée, dans la recherche de son premier emploi, voici les 5 conseils que nous donnons aux jeunes diplômés pour les aider à bien structurer leur recherche d’emploi :
Avant de commencer à chercher un premier emploi, il est impératif de faire le point pour bien orienter sa recherche et disposer des bons outils. Objectif : mettre noir sur blanc sur son CV l’ensemble de ses acquis théoriques et professionnels ainsi que ses compétences dites « transférables ».
Pour tenir la distance, il est essentiel de structurer ses journées et de vivre au rythme des personnes ou des entreprises qui recrutent. Le maître mot de la recherche d’emploi reste, à mon sens, celui de l’organisation. Chacun sa méthode, mais les jeunes diplômés doivent intégrer ce facteur. Faire un dossier recrutement sur son ordinateur, se bâtir un calendrier avec des objectifs réalisables, se créer une adresse email dédiée à la recherche d’emploi, mettre en place un fichier Excel de suivi des candidatures, sont autant de petites astuces qui aident à structurer la recherche d’emploi.
La création d’un premier réseau professionnel est essentielle pour optimiser les chances de recrutement. Diffuser le CV à la famille et aux proches peut être un premier moyen pour décrocher des opportunités. De même, le jeune diplômé a tout intérêt à garder contact avec ses anciens camarades de promotion et ses anciens professeurs, via un réseau social professionnel comme BeKnown par exemple, pour connaître les entreprises qui recrutent et se faire recommander auprès d’elles. Si le jeune diplômé a effectué un ou plusieurs stages, il doit garder contact avec ses anciens maîtres de stage qui constituent une voie précieuse vers l’emploi : une recommandation par écrit d’une personne en poste ou sur les réseaux sociaux est un bon moyen de prouver aux recruteurs ses capacités. Tous les conseils pour soigner son identité professionnelle en ligne sont disponibles sur le site du coach Monster.
Toutes les expériences n’intéressent pas forcément les recruteurs ! L’idéal est d’adapter le CV et la lettre de motivation au poste proposé tout en mettant en avant le projet professionnel visé. Un entretien se prépare et nécessite de bien se renseigner sur l’entreprise qui recrute, le secteur et les codes du métier que le jeune diplômé souhaite exercer afin de montrer au recruteur qu’il s’intègrera facilement à son entreprise. Enfin, attention à ne pas trop survendre le profil avec une valorisation trop poussée des compétences.
Le marché caché de l’emploi n’est pas un mythe ! Un certain nombre de postes vacants ne fait l’objet d’aucune annonce… pour accéder à ce marché, il est conseillé au jeune diplômé de mettre son CV à jour sur les sites d’emploi afin qu’il soit visible auprès des recruteurs qui viennent y faire leur « marché », de suivre l’actualité des entreprises dans lesquelles il aimerait travailler ou celles qui affichent une bonne santé financière, et de ne pas hésiter à leur adresser une candidature spontanée (en parlant davantage des qualités de l’entreprise que de son profil...). Cette démarche ne sera peut être pas payante tout de suite, mais elle permettra au jeune diplômé de semer pour l’avenir. C’est aussi une première preuve de motivation qui sera appréciée des recruteurs, et cela permet aussi de maintenir le rythme quand les offres se font rares. Une candidature sans réponse ne doit pas provoquer le découragement et la démotivation. Identifier des contacts internes à l’entreprise qui pourront appuyer la candidature et susciter l’attention sur son CV est le meilleur moyen pour sortir du lot !
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Il va falloir réaliser le premier CV. Sur ce point les usages changent et Papa Maman pourraient donner de mauvais conseils. Pouvez-vous faire un point sur les règles de base d'un bon CV en Juin 2013?
Karl Rigal
Concernant les CV, la première règle est de ne pas mentir. Aujourd’hui, les recruteurs recoupent de plus en plus facilement les données. S’ils découvrent qu’une information est fausse, cela détruira toute relation de confiance qui aurait pu être établie.
Un bon CV s’articule généralement autour de quatre rubriques : Formation, Expériences professionnelles, Compétences informatiques, Compétences linguistiques.
Enfin, il faut choisir en fonction du contexte entre l’utilisation d’un CV standard ou personnalisé. Les CV laissés sur des bases de données à destination des recruteurs comme celle de Monster.fr, devront être exhaustifs. À l’inverse, il peut être préférable de présenter un CV personnalisé pour répondre à une offre d’emploi particulièrement intéressante, afin de pouvoir mieux mettre en valeur ses expériences et compétences qui correspondent aux exigences de l’entreprise.
Tous les conseils pour rédiger un CV efficace sont consultables sur le site du coach Monster.
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Des opportunités peuvent se présenter à l'étranger. Quels sont les pays les plus attractifs en termes d'emploi pour les jeunes diplômés Français? Et les métiers les plus recherchés?
Karl Rigal
Aujourd’hui, les jeunes diplômés et particulièrement ceux des grandes écoles ont de belles opportunités à l’étranger. Une expérience à l’international est un réel avantage dans un CV et est enrichissante sur le plan personnel. Il existe de multiples façons de partir à l’étranger : jusqu’à 28 ans, les jeunes diplômés peuvent envisager par exemple un volontariat international en entreprise (V.I.E.) ou en administration (V.I.A.), ou encore rechercher un contrat local.
Selon la Conférence des grandes écoles, 15,7% des jeunes diplômés travaillent à l’étranger, soit près de 23% des managers et 12% des ingénieurs. Les cinq pays les plus attractifs pour les jeunes français sont le Royaume-Uni, la Suisse, l’Allemagne, le Luxembourg et enfin les États-Unis. Le Québec attire aussi beaucoup : la Belle Province échappe à la crise et on y parle français… Quoiqu’il en soit, un esprit d’ouverture est indispensable pour profiter au maximum de son expérience internationale : il s’agit de ne pas correspondre au cliché du français arrogant !
Capcampus a mis en œuvre, pour vous, jeune diplômé, un guide pratique, pour vous accompagner vers votre nouvelle vie professionnelle.