Le MIDEM 2007 s’est donc déroulé, à partir du lundi 22 janvier 2007, sur fond de crise. Les statistiques sont accablantes. Le nombre d'albums vendus en magasins a baissé de 16 % entre 2005 et 2006, les ventes de singles de 30 % et, en valeur, le marché est passé de 1 459 à 1 287 millions d'euros, soit 11,8 % de moins en un an.
La faute, selon les professionnels de la musique, aux millions de personnes qui n’achètent désormais plus de musique, mais qui téléchargent. Pour tenter d’enrayer ce phénomène, le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep) l'a confirmé lors d'une conférence de presse lundi matin sur place, à Cannes : oui, les actions contre les pirates de musique vont continuer. Contre les particuliers, mais surtout contre les « opérateurs techniques », c'est-à-dire les fournisseurs de solutions, logiciels depeer to peer en tête, permettant de mettre en circulation illégalement des fichiers musicaux protégés par le droit d'auteur. Sur les cibles et les moyens d'action, le Snep reste flou. Il ne dit pas, par exemple, comment il va s'y prendre pour épingler les auteurs de logiciels de P2P, bien souvent organisés en communautés sur Internet et non pas en sociétés commerciales.
Comme le dénote M.Dubillon, responsable du secteur musique à la FNAC de Marseille Centre Bourse « Il existe une véritable culture du mp3. Pour les jeunes d’aujourd’hui, le CD est en passe de devenir un format désuet ».
Là encore, les industriels font les gros yeux aux lecteurs mp3 (environ 200 millions sont vendus chaque année), et plus spécialement au iPod, leader mondial incontesté dans le domaine. Les chiffres sont affolants pour les disquaires, faramineux pour Apple. 79% des gens qui possèdent un lecteur mp3 en Europe et aux Etats-Unis ont opté pour une des multiples versions du iPod. Et dans l’avenir, 76% des gens qui songent à investir dans un baladeur mp3 se porteront sur un iPod.
La question de fond se pose. Comment va-t-on continuer à faire de la musique dans le futur si la vente de CD continue désespérément à chuter. Plusieurs thèses s’affrontent. Pour M. Dubillon « la vente va continuer à chuter, puis elle va se stabiliser à un moment donné. On aura alors deux types de clients. Ceux qui téléchargent, et ceux qui écoutent de la musique sur CD pour l’objet en lui-même et pas seulement pour le contenu »
Mais si les maisons de disques sont contraintes à fermer, faute de revenu. Qui financera les artistes ? Il est difficile d’imaginer les grandes stars de tous les genres de musique faire des CDs gratuitement. Si les maisons de disques vivent de la vente de CD, les artistes également. Alors on pourrait en revenir à un système moyen-âgeux de mécénat, ce qui mettrait fin à la liberté des artistes. Soumis au bon vouloir d’un riche protecteur, celui-ci pourrait mettre fin à la collaboration à tout moment, et par conséquent faire pression sur les musiciens quant à la forme et au fond de leurs œuvres.
Un véritable prise de conscience semble nécessaire de la part des utilisateurs, de même qu’une évolution dans le système de vente de musique paraît inévitable. Comme le résume Julien, 20 ans, employé au rayon musique d’un magasin Virgin, « tout le monde télécharge. Même moi qui suit au courant des méfaits de cette pratique. C’est vrai que je ne pense pas au danger que cela peut constituer pour les artistes lorsque je télécharge. Mais mettre 40 euros dans un double album, je ne peux pas me le permettre. »
Apple a peut-être trouvé la solution, vendre des chansons à la carte pour moins d’un euro pièce. Critiqué par les professionnels de la musique, cette méthode semble être la mieux adaptée au futur, et même si personne n’ose avouer que le déclin du CD est bien enclenché, toutes les maisons de disques se penchent désormais sur l’opportunité de la vente en ligne, un secteur qui a progressé de presque 50% en 2006.
A.P