Capcampus :
Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
Monsieur Casamatta
Je suis à l'origine un chercheur du CNRS en génie chimique. Puis après une thèse d'Etat, je me suis dirigé vers l'enseignement tout en continuant en tant que professeur des universités mon travail de recherche ; ceci m'a permis d'obtenir la médaille de bronze du CNRS en 1983. En 1995, je suis devenu directeur de l'ENSIGC ; j'ai ainsi conduit avec mon collègue Roland Morancho, directeur de l'ENSCT le rapprochement entre nos deux écoles qui a conduit à la création de l'ENSIACET.. Et puis en 2001, l'explosion d'AZF m'a conduit à m'intéresser de plus près à la notion de risque industriel. Je me suis donc retrouvé presque naturellement directeur scientifique de l'ICSI et directeur général de la Fondation Nationale de Recherche pour une Culture de Sécurité Industrielle. Depuis le 1 er septembre 2005, je suis le nouveau Président de l'Institut National Polytechnique de Toulouse.
Capcampus :
Quel est le profil nécessaire pour être un bon Directeur ?
Monsieur Casamatta
Je pense qu'il vaut mieux être du sérail. Il faut avoir vécu et savoir ce que sont l'enseignement et la recherche pour pouvoir être compris et être crédible. Mais je crois aussi qu'aujourd'hui plus que jamais une expérience extérieure est nécessaire. Et notamment une bonne connaissance du monde des entreprises est au moins utile. Il est bon d'avoir vu notre système fonctionner depuis l'extérieur, avoir apprécié comment l'extérieur apprécie notre univers et quels sont les attentes réelles de nos grands clients que sont les étudiants et les entreprises
Capcampus :
Quelle a été la décision la plus difficile que vous ayez prise en tant que directeur ?
Monsieur Casamatta
A l'époque où j'étais directeur de l'ENSIGC de Toulouse, ce fût de décider la fusion avec l'ENSCT pour créer l'ENSIACET. La décision fut difficile, mais le résultat est à la hauteur du pari. Et cela m'a appris qu'on ne peut avoir de projets ambitieux sans abandons. Aujourd'hui nouveau Président de l'INPT, cette expérience influencera forcément mes choix politiques.
Capcampus :
Monsieur Casamatta
L'Institut National Polytechnique de Toulouse est une université qui forme des ingénieurs et qui fédère trois écoles (ENSAT, ENSEEIHT, ENSIACET) plus une quatrième rattachée (l'ENI de Tarbes). Dans chacune de ces quatre écoles on retrouve les mêmes spécificités : la sélection (puisque nos élèves ingénieurs sont recrutés par concours), une formation fortement accès sur l'application professionnelle future, des liens étroits avec l'industrie, une recherche forte et performante.
Capcampus :
Monsieur Casamatta
Il existe deux procédures principales. Le recrutement se fait principalement par l'intermédiaire des Concours Communs Polytechniques, après une classe préparatoire. Nous avons également un recrutement à BAC+0 sur dossier au sein du Cycle Préparatoire polytechnique (CPP) ; dans ce cas les étudiants, après deux ans de formation, intègrent l'une des écoles des trois INP existant en France. Il ne faut oublier de nombreuses passerelles avec les diplômes universitaires classiques, bine que le paasge au LMD modifie sensiblement le paysage.
Capcampus :
Avez-vous des projets à réaliser à court terme (fonctionnement de l'école, ouverture à l'international...)?
Monsieur Casamatta
Pour ce qui est de l'ouverture à l'international. J'ai le projet ferme de permettre la mobilité à l'étranger d'au moins 3 mois pour l'ensemble de nos étudiants. Nous voulons aussi développer des Masters « Duby » en anglais pour l'accueil des étudiants étrangers en collaboration avec nos partenaires universitaires toulousains. Je citerai en particulier le projet de master "ingénierie et management du risque" en commun avec l'Université des Sciences Sociales. Enfin, il s'avère indispensable de développer nos doubles diplômes (actuellement 4 avec Polytechnique Milan, université de Saragosse, Georgia Tech Institute à Atlanta et l'Université de Sao Paolo)
Capcampus :
Quel est le positionnement international de votre Ecole ?
Monsieur Casamatta
Notre établissement est déjà bien positionné. Mais nous devons toutefois consolider les partenariats bilatéraux existants avec nos partenaires européens
Nous développons aussi les échanges bilatéraux d'excellence (programme N+i par exemple, programme Brafitec avec le Brésil) ou bien encore les partenariats recherche (NII au Japon, le LIAMA à Pékin)
Enfin nous intervenons dans l'aide au montage de Masters à l'étranger permettant de développer les cotutelles (Master en hydrologie et météorologie avec le Pérou, la Colombie et la Bolivie)
Capcampus :
Selon vous, comment faire face à la compétition américaine qui place toujours ses écoles parmi les meilleures ?
Monsieur Casamatta
Cela passe évidemment avant tout par le fait de développer des formations en anglais. Notre faiblesse, if any, vient plus de notre incapacité à toucher la majorité anglophone des étudiants que de la qualité intrinsèque de nos formations et de nos outils pédagogiques. Certain de nos outils pédagogiques sont même très attractifs : nous possédons un atelier interuniversitaire de travaux pratiques en Génie de Procédés qui est depuis l'an dernier ouvert à l'Université de Washington à Seattle. Je ne voudrais pas oublier des outils de mobilité virtuelle qui permettent à des étudiants brésiliens de faire des TP à distance. Non, notre handicap c'est plutôt la langue, et dans une deuxième mesure du manque de clarté de nos cursus pédagogiques.
Enfin, la grande force des USA est que l'économie associée à la formation leur permet d'en faire une valeur marchande profitable et attractive.
Capcampus :
Pouvez-vous nous citer trois arguments qui inciteraient les étudiants à venir étudier dans votre Ecole ?
Monsieur Casamatta
Les Ecoles de l'INPT se caractérisent avant tout par le professionnalisme des formations grâce aux liens privilégiés que nous avons avec le monde de l'entreprise. Etudier chez nous, c'est donc la garantie d'un diplôme utile. Mais l'excellence est aussi là grâce à une recherche active qui garantit que nos cursus sont alimentés par une connaîssance de pointe. Enfin, parce que l'INPT est un regroupement d'écoles, notre offre pédagogique est large et diversifiée.
Capcampus :
On oppose souvent les formations universitaires aux Grandes Ecoles, pensez-vous que seule la sélection fasse la différence ?
Monsieur Casamatta
L'Institut National Polytechnique démontre le contraire, puisque tout en ayant le statut d'université, il est une fédération de Grandes Ecoles. En ce sens, en mariant ce qui parait souvent inconciliable, notre établissement est peut-être la synthèse idéale.
Capcampus :
Pensez-vous que l'excellence française appartienne au passé ?
Monsieur Casamatta
Non, cette excellence française est toujours d'actualité. Toutefois, elle est amenée à évoluer d'abord comme je l'ai dit en se donnant les moyens d'une communication universelle, ensuite en se branchant plus avec la société. Elle se doit donc aujourd'hui de se doter d'objectifs à la fois économiques et citoyens.
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