« Une des nouveautés à souligner et qui a d’ailleurs été mise en avant par la Ministre, Geneviève Fioraso, est que cette fois-ci les choses n’arrivent pas d’en haut, c’est l’ensemble des universitaires et des milieux économiques qui ont été réunis autour d’une table pour échanger. Hélas, on a beaucoup entendu les université, mais les milieux socio-économiques ont été les grands silencieux de ces débats. Les régions et les collectivités locales se sont un peu manifestées, mais les entreprises ont très peu fait entendre leur voix. Ainsi, il y a des aspects qui ont été clairement évacués des débats : entreprise, international et d’ailleurs, dans les 121 propositions, les entreprises y sont très peu présentes.
Des propositions dont on nous dit qu’elles tirent toute leur légitimité du fait qu’elles résultent de l’ensemble du processus de concertation. Pourtant, nous ne nous y retrouvons pas toujours et nous doutons de certaines.
En effet, ces 121 propositions sont très inégales. Il y a des propositions assez génériques, voire fondamentales, d’autres qui vont dans le détail et enfin il y a celles qui ne sont pas des propositions mais qui relèvent plus de la conviction, du constat ou de l’opinion.
Maintenant que la concertation a eu lieu, il faut discuter sérieusement entre acteurs représentatifs. Et quoi qu’il ait pu être dit, la CPU représente l’ensemble des présidents d’Universités et la CDEFI représente l’ensemble des directeurs d’école d’ingénieurs ; et nous pensons que des réformes initiées en France dans les universités et dans les écoles doivent se décider en concertation avec les présidents d’université et des directeurs d’école, au risque de ne pas aboutir. Il est donc temps maintenant d’entrer dans la deuxième phase de ces propositions et de discuter entre les conférences et le ministère.
Formation
On a un vrai problème d’orientation en France et on se rend compte qu’il va donc falloir être un peu plus directif si l’on veut faire évoluer positivement les choses. Les Assises reflètent en partie cette prise de conscience. La CDEFI a toujours dit qu’elle était pour la sélection dès lors que l’ensemble des places offertes permet à tous les candidats de trouver chaussure à son pied, en fonction de ses désirs et de ses capacités. Nous sommes d’accord sur l’objectif : plus de Bac pro en STS et plus de Bac Techno en IUT, mais cela ne doit pas nous empêcher de travailler sérieusement sur la problématique de la perception des voies professionnelles et technologiques comme des voies d’échec dès le secondaire. C’est un vrai sujet. Car n’oublions pas que le problème n’est pas uniquement de réserver des places pour les élèves issus de filières technologiques. C’est aussi de les inciter à y aller, car souvent il reste des places disponibles.
Recherche
Nous sommes relativement dans un domaine de consensus. Même si la question de la révision de la recherche en France reste clé. L’UMR au centre du système ? Je pense que ce qui doit être au centre du système, c’est le fait que l’Université (au sens générique du terme) doit avoir une vraie stratégie recherche et qu’elle soit capable de la mettre en œuvre. Les organismes (CNRS…) font corps avec les établissements d’enseignement supérieur afin de créer un système cohérent et unique et que cela puisse être mis en œuvre. Donc ne mettons pas cette démarche en péril et ne revenons pas à la situation antérieure.
Les Alliances sont utiles ; elles sont un outil de coordination. Mais il va falloir leur donner les moyens pour qu’elles puissent s’organiser.
Pour la CDEFI, l'Agence Nationale de la Recherche est un outil clé. La recherche sous contrat est un modèle très prégnant sur l’ensemble du monde universitaire français et étranger. Augmenter le financement récurrent dans les laboratoires, pourquoi pas ? Mais l’argent disponible à l’ANR ne sera qu’une goutte d’eau. Le problème de notre pays réside sans doute dans un déséquilibre trop fort entre la masse salariale et le fonctionnement.
Gouvernance
Sur la gouvernance, les débats nous ont parfois ramenés à la loi de 1984. Les universités, les établissements d’enseignements supérieurs ont besoin d’une gouvernance professionnelle et forte et hélas, on n’y est pas encore. Avant d’attacher à un conseil d’administration deux autres conseils (le conseil des études et le conseil scientifique) qui auraient leur légitimité propre, leur capacité propre et qui affaibliraient la gouvernance centrale, il faut y réfléchir à deux fois. Il faut mettre en place des gouvernances fortes pour que les établissements puissent vraiment mettre en place des stratégies pour être visibles dans le paysage international.
Pour la CDEFI, la Grande Université devrait se cantonner à la gestion du contrat territorial et puis petit à petit se verra - si cela est nécessaire- chargée d’un certain nombre de tâches sur un principe de subsidiarité qui commencera au niveau zéro et qui se développera au fur et à mesure du développement des projets. La CDEFI est plutôt pour la vision d’une université confédérale où chaque établissement garde son entière légitimité et son statut légal et il y a une dévolution au besoin, petit à petit en fonction des accords passés entre les acteurs pour donner à cette organisation territoriale quelques rôles opérationnels. Mais dans un premier temps, le seul rôle qu’aura la Grande Université c’est d’articuler et mettre en œuvre le contrat territorial.
Le terme Grande Université ne convient pas, nous serions plutôt dans un modèle système universitaire comme celui de Californie.
Enfin, le dernier point et pas le moindre : les évaluations. On ne peut pas se passer d’évaluation comme l’ont suggéré ces Assises ! Que l’AERES ne soit pas parfaite, sans doute, elle peut être améliorée. Mais une agence d’évaluation qui évalue à la fois la formation, la recherche et l’établissement, nous paraît nécessaire et indispensable. »
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