Zoom sur l'histoire
pour financer leur spring break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. et ce n’est que le début…
Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police.
En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le Juge, mais contre toute attente, leur caution est payée par alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…
HARMONY KORINE , réalisateur & scénariste
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce film ?
la première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est l’image de jolies filles en bikini brandissant des flingues. ensuite, je me suis demandé dans quelles circonstances on pourrait assister à ce genre de scène. la seule chose que je voyais, c’était un spring break. Ça m’a fait rire, et je me suis mis à y réfléchir plus sérieusement. J’ai aimé l’idée de filles qui viendraient faire la fête en floride. c’est comme ça que tout a commencé. après, c’est parti dans tous les sens, et c’est devenu une histoire plus sombre, plus sinistre, plus dangereuse.
Vous vous inspirez beaucoup de la culture américainedans votre travail, et vous situez vos histoires dans des villes américaines bien spécifiques. Pourquoi avoirchoisi St. Petersburg, en Floride, comme cadre deSPRING BREAKERS ?
st. Petersburg n’est pas forcément une destination de spring break très recherchée… mais je voulais un endroit visuellement intéressant, authentique, qui possède une énergie particulière. Je ne voulais pas tourner à miami ou dans un lieu qu’on ait déjà beaucoup vu et qui paraisse familier. Je ne m’intéresse pas trop à la partie touristique du spring break. ce qui m’attire, ce sont les chemins de traverse, les petites rues derrière, quand on s’éloigne de l’artère principale. J’aime les quartiers mal famés, les maisons qui tombent en ruine sur la plage. ce genre de choses m’intéresse. les gens qui y vivent aussi. il y a quelque chose d’étrange et de fascinant dans ce visage-là de l’amérique. on a l’impression que tout le monde fuit quelque chose ou cherche à se cacher.
Vous êtes le cinéaste qui représente le mieux le «whitetrash», les laissés-pour-compte de l’Amérique, parceque vous semblez réellement comprendre ces genssans éprouver le besoin de les critiquer…
Je ne suis pas certain que ce soit du pur «white trash». Je suis attiré par certains types de personnages et je m’efforce de ne pas porter de jugement. c’est presque une approche documentaire. mais au fond, je ne cherche pas à atteindre un objectif.
Qui avez-vous retenu en premier au casting ?
d’abord James franco, puis les filles. cela faisait déjà un moment que James et moi parlions de faire un film ensemble. généralement, j’écris d’abord mes scénarios, puis je les fais lire. mais là, j’ai juste écrit un traitement pendant la période de Noël et je l’ai envoyé à James en lui demandant si jouer le personnage l’intéresserait. il m’a répondu oui immédiatement. c’est aussi simple que ça. J’étais très enthousiasmé par l’idée et par le personnage ; je me suis rendu en floride – c’était effectivement la période du spring break à ce moment-là – et j’ai écrit le scénario en séjournant à l’hôtel, avec des gamins qui vomissaient devant l’entrée…
Qui avez-vous choisi ensuite ?
après James, ça a été selena gomez, puis rachel korine, puis Vanessa hudgens et ashley benson.
Le tournage paraît avoir été une expérience libératrice pour vos comédiens, en particulierpour les jeunes actrices. Était-il important à vos yeux que vos actrices aient l’imagede «jeunes filles comme il faut», comme c’est le cas pour Selena Gomez et VanessaHudgens ?
oui, c’était important. Je trouve ça très excitant ! tout le monde les connaît sous un certain angle, elles ont un peu cette image disney, et je trouve très amusant de les pousser vers une autre réalité, vers quelque chose de plus sinistre, de plus fou. J’aime les voir déployer leurs ailes ! une autre grande joie sera de voir les gens réagir à ça.
Quand vous avez décidé de travailler avec ces actrices, attendiez-vous quelque chosede particulier ?
Je traite tout le monde de la même façon – exactement comme je traiterais un gamin qui sniffe de la colle, que je trouverais génial et que j’aurais envie de voir dans mon film. il faut dire aussi que j’avais passé du temps avec ces filles avant – au moment des auditions, pendant les répétitions. Je savais donc en commençant le tournage qu’il allait y avoir une certaine alchimie. mais bien entendu, la plupart de ces filles n’ont jamais été dans des situations pareilles, et on ne peut jamais savoir comment les gens vont réagir avant d’être confrontés à la réalité. mais je les sentais bien, j’avais le sentiment qu’elles joueraient le jeu. et elles l’ont fait.
Vous avez aussi engagé les ATL Twins pour votre film. Ils pourraient sortir tout droit devotre film, GUMMO…
oui, ils existent probablement dans ce monde… ces jumeaux sont extraordinaires. des vrais freaks ! J’avais déjà travaillé avec eux sur un clip des black keys, mais sPriNg breakers est leur premier film.
Vous avez souhaité combiner vos plans filmés avec des images d’archives d’authentiquesSpring Breaks. Durant vos recherches, y a-t-il des choses qui vous ont surpris dans lesvrais Spring Breaks ?
ce qui m’intéresse, c’est la vraie fête, totale, avec débauche, excès et sensations fortes. J’aime ça, ces gamins qui s’éclatent pendant une semaine, qui disparaissent et oublient tout le reste, et qui une fois cette parenthèse terminée retournent à leur train-train, leurs bouquins, leurs jobs pourris et leurs problèmes familiaux. Je savais que ça existait, donc ça ne m’a pas choqué. il en faut beaucoup pour me choquer. il y avait des trucs intéressants.
Combien de temps avez-vous passé en Floride pour la préproduction ?
J’ai passé plusieurs mois à essayer de trouver des lieux authentiques. Je tournais en voiture tard le soir, je passais par-dessus des clôtures… J’ai capté beaucoup de choses juste en restant à un endroit pendant un long moment à observer. laissez une situation vous conduire à la suivante, et vous découvrez un lieu, ou un personnage, qui vous emmène encore vers autre chose. c’est un peu comme cela que le film s’est construit. J’aime ça, faire des films qui partent de l’intérieur et se construisent peu à peu vers l’extérieur.
Est-ce que vous cherchez à faire des films inclassables ?
Je ne fais pas de films de genre – quoique sPriNg breakers soit peut-être ce qui s’en approche le plus. Plus que toute autre chose, je m’efforce de faire des films qui existent en eux-mêmes dans leur propre univers. Je suis d’accord avec le fait qu’ils sont difficiles à classer, bien que l’on retrouve quand même certains éléments du cinéma de genre dans ce film : le contexte social, l’atmosphère, l’ambiance «teen pop». même quand il s’agit de plans scénarisés et filmés, c’est différent de mes films précédents. ce film-ci a une sorte de rythme lyrique, de peps, à cause des couleurs, des lieux, du genre d’acteurs. on retrouve bien sûr des choses typiques de mon travail, mais c’est différent de ce que je fais habituellement. espérons que ce film présentera aussi un intérêt commercial. ce serait excitant que beaucoup de gens voient un film comme celui-ci.
Je pense que tout le monde peut se sentir concerné par la débauche et les excès de la jeunesse. se mettre dans le pétrin, faire de mauvaises rencontres… en fait, le spring break agit comme une métaphore, le film ne fait finalement qu’effleurer le Spring Break avant de prendre une direction complètement différente une fois que les filles rencontrent le personnage d’Alien et que la dimension criminelle entre dans la danse.
La musique a beaucoup d’importance dans vos films, et vous donnez des indications très précises dans vos scénarios quant aux chansons qu’il faut inclure à des moments précis. Pouvez-vous nous parler de la manière dont la musique a inspiré ce film ?
La musique que j’ai choisie va sans doute surprendre, parce qu’elle est sans doute un peu plus proche de ce qu’on entend généralement par « musique de film ». Plus saillante, elle crée aussi plus d’ambiance ; elle est plus sombre aussi. Mais il y a aussi de la musique qui naît du contexte des scènes, des chansons pop, du rap, comme on en entendrait dans la réalité.
C’est un mix de beaucoup d’influences, de genres et de courants.
En comparaison de vos autres films, celui-ci dispose d’un budget beaucoup plus conséquent. Vous travaillez aussi avec des actrices qui étaient poursuivies par les paparazzis au moment du tournage. Comment abordez-vous ce nouvel environnement de travail ?
Je me considère comme un combattant, un soldat du cinéma. J’envisage tout cela simplement comme une partie de ce que je fais. Je l’accepte, et j’avance. Rien ne me fait vraiment flipper quand je fais un film. Les hélicos et tout ce bazar, c’est juste une partie de l’énergie du film.
En tant que soldat, pour quoi vous battez-vous ?
Pour faire des films. C’est la seule chose qui compte.
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