Le Web 3.0 sera sémantique !

Et sera une planche de salut pour les médias d'information qui n'arrivent pas à tirer profit des éditions Internet, selon Alexandre Cayla-Irigoyen

Publié le 26 octobre 2010

Et sera une planche de salut pour les médias d'information qui n'arrivent pas à tirer profit des éditions Internet, selon Alexandre Cayla-Irigoyen, doctorant au Département de communication de l'Université de Montréal qui a proposé un modèle d'organisation des données facilitant la réalisation d'un site de nouvelles en mode Web 3.0.

Ceux qui se demandent encore à quoi peut bien correspondre le Web 2.0 seront bientôt dépassés par la dernière génération de sites Internet qui marquera les débuts du Web 3.0. «Le Web 1.0 désignait les pages en code HTML et le Web 2.0 est celui des sites interactifs comme les blogues, les pages Wiki ou les sites de réseautage personnel tel Facebook, explique Alexandre Cayla-Irigoyen qui a travaillé sur un modèle d'organisation de l'information qui pourrait être une planche de salut pour les médias. Le Web 3.0 sera quant à lui sémantique, c'est-à-dire que, au lieu de simplement montrer le contenu de la page, il pourra en comprendre le sens et faire des liens avec de l'information de même nature se trouvant ailleurs sur le réseau Internet

Le Web intelligent

Pour être sémantiques, les outils du Web 3.0 doivent établir des liens entre les contenus d'une page, les « contextualiser » et en saisir la signification globale au-delà du sens premier des mots. «Si je tape « Paris » dans Google, le moteur de recherche ne sait pas s'il s'agit de la capitale française ou de Paris Hilton; il faut donc ajouter d'autres termes, poursuit l'étudiant. Le Web 3.0 devrait pouvoir effectuer lui-même cette analyse.» Dans un premier temps, ce sont surtout les créateurs de contenu qui tireront profit de telles applications, mais les consommateurs d'information y gagneront également. Le Web 3.0 permettra d'ordonner l'information surabondante et chaotique qu'on trouve sur Internet en éliminant les éléments redondants et en sélectionnant ou en hiérarchisant les autres en fonction des besoins de chaque usager.

«Les médias traditionnels visent un niveau commun d'information sans pouvoir la personnaliser. À terme, le Web sémantique permettra de regrouper et d'intégrer différentes informations sur un même sujet peu importe leur source, que ce soit les données gouvernementales, les blogues universitaires ou les articles de journaux, de les sélectionner de façon hyperspécifique si tel était le besoin et de les restituer dans un même document sans que l'usager ait à les transposer lui-même. Cela engendrerait une expérience inédite de consommation par laquelle l'usager pourrait reprendre le contrôle de l'information», affirme le chercheur.

Si, par exemple, un usager voulait consulter tout ce qui s'est dit sur les pénuries d'essence et les grèves, le système pourrait ordonner l'information en fonction des critères demandés comme les déclarations du premier ministre Fillon selon les dates où elles ont été formulées, les arguments des opposants et des défenseurs ou encore les nouveaux renseignements par rapport à ceux que l'usager a déjà consultés ou archivés sur son propre appareil. Quel que soit l'endroit où ces données se trouvent sur le Web.

Dans la mesure où le public accepterait de payer un tel service personnalisé, cette valeur ajoutée en fonction des propres besoins de l'utilisateur constituerait une planche de salut pour les médias d'information qui n'arrivent pas à tirer profit des éditions Internet.

Alexandre Cayla-Irigoyen a créé le modèle Deep Distributed News

Alexandre Cayla-Irigoyen est doctorant au Département de communication et consacre ses travaux à comparer les médias d'information actuels avec ce que pourront être les médias de type Web 3.0 et à évaluer l'influence de ces derniers. Dans sa maitrise interdisciplinaire en commerce électronique (Département d'informatique et de recherche opérationnelle, Faculté de droit et HEC Montréal) dirigée par la professeure Esma Aïmeur, il a proposé un modèle d'organisation des données facilitant la réalisation d'un site de nouvelles en mode Web 3.0.Le chercheur a baptisé son modèle, destiné aux fournisseurs d'information, Deep Distributed News: «Deep parce que le système fournit au consommateur une compréhension plus approfondie de l'information, et distributed parce qu'il regroupe des données dispersées sur l'ensemble du Web», précise-t-il.

Pour structurer l'information de façon intelligente, ce modèle théorique s'inspire de la réalité sociale où la nouvelle et l'information sont deux aspects inséparables d'un évènement. «Le but d'une nouvelle n'est pas de donner toute l'information, mais de livrer des éléments qui permettent au lecteur de se faire une opinion ou de se mettre à jour à partir de ce qui a changé. Même si l'activité humaine évolue sans cesse, elle demeure largement prédictible et peut donc être modélisée», déclare l'étudiant.

Le Deep Distributed News est ainsi formé de trois modules interreliés: le module contextuel ou environnemental qui rassemble les données du contexte dans lequel la nouvelle prend place: les acteurs, les organisations, les règles, les actions, les changements, les faits nouveaux, le module des nouvelles qui basé sur les règles établies dans le module environnemental, repère les nouveautés ou les changements rapportés par différentes sources et les met en relation avec les autres éléments d'information et le module de l'utilisateur qui personnalise l'information selon les besoins ou les préférences définis par l'usager dans son profil d'utilisateur besoins ou les préférences définis par l'usager dans son profil d'utilisateur.

«L'intérêt d'un tel modèle est de considérer la nouvelle et son contexte, plutôt que le texte, comme un élément fondamental d'un site d'information, souligne son concepteur. Un texte de nouvelles est un tout achevé alors que dans un module conceptuel on peut toujours ajouter un renseignement de fraiche date.»

Pour certains auteurs, le Web 3.0 relève de la futurologie. Pour d'autres, il s'agit d'un terme surtout destiné, à l'instar de Web 2.0, à attirer l'attention sur un type particulier de sites commerciaux. Mais pour ceux qui y travaillent depuis plusieurs années déjà, le Web sémantique permettra une tout autre expérience du réseau Internet, et ce, sur une multiplicité de plateformes. Et certains en sont à préparer le Web 4.0, qui sera quant à lui symbiotique!

Comme Alexandre Cayla-Irigoyen étudier en communication à l'Université de Montréal

Pour préparer les futurs diplômés à affronter les nouvelles les pratiques de communication toujours changeantes qui modifient les façons de faire et la manière d'appréhender le monde et d'en comprendre les enjeux, le Département de communication de l'Université de Montréal offre plusieurs programmes aux trois cycles universitaires. Qu'il s'agisse de communication dans les organisations, des technologies de l'information et de la communication, de la communication politique ou encore des médias, les diplômés en communication sont prêts à affronter les nouveaux défis. En 1er cycle : un Baccalauréat spécialisé en sciences de la communication, une Majeure en sciences de la communication, une Mineure en sciences de la communication et un B.Sc. spécialisé bidisciplinaire en communication et politique et en 2ème et troisième cycle : le M.Sc. (sciences de la communication) et le Ph.D. communication.



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