Pour tous les moments importants de la vie – postuler à un travail, attendre des résultats d’examens médicaux – vient un moment où vous devez simplement vous contenter d’attendre et espérer pour le meilleur. Mais cela ne veut pas dire que nous agissons toujours de la sorte. Une nouvelle recherche de l’Université de la Chicago Booth School of Business et de l’Université de Virginie suggère que même lorsque nous ne pouvons pas changer le destin, nous agissons souvent comme si nos bonnes actions allaient se répercuter sur nos vies.
Les chercheurs de l’Université ont déclaré que leur travail - publié ce mois-ci dans la revue Psychological Science - était inspiré par les promesses que beaucoup d’entre nous se font s’ils se sortent de certaines situations difficiles : « à l’avenir nous serons de meilleurs citoyens ».
Dans leurs recherches, Jane Risen, Professeur agrégée de sciences du comportement à Chicago Booth, Travis Carter, chercheur post-doctoral à Booth, et Benjamin Converse de l’Université de Virginie se sont demandés si ce type de promesses faisait partie d’un phénomène plus général dans lequel nous négocions instinctivement avec “l’au-delà”, si tant est qu’on puisse le définir ainsi.
Risen déclare « La réciprocité est l’une des normes sociales qui a le plus d’influence sur les gens, c’est pourquoi nous nous sentons obligés de rendre la pareille lorsque quelqu’un nous a aidé. Nous nous sommes demandés si, à un certain degré, les gens peuvent penser à leur relation avec l’au-delà de la même façon qu’avec les individus, en attendant de l’au-delà qu’il leur rende la pareille comme une personne l’aurait fait. »
Risen, Carter et Converse ont émis l’hypothèse que le fait d’attendre les résultats d’un évènement important qu’on ne peut contrôler pouvait amener les gens à faire des bonnes actions en attendant implicitement que l’au-delà se manifeste positivement en retour, un phénomène que l’on nomme : « investir dans le karma ».
Pour la première expérience, ils ont interrogés certains participants dans l’attente de résultats pour lesquels ils ne pouvaient pas agir, en leur demandant d’écrire à propos d’un évènement important attendu, alors que d’autres participants ont juste décrit leur quotidien. Une fois l’étude supposée terminée, il a été demandé aux participants s’ils souhaitaient donner de leur temps pour participer à un travail supplémentaire pour le laboratoire dont les bénéfices serviraient pour le don de nourriture aux membres de communautés souffrant de la faim ou pour permettre la réalisation de souhaits d’enfants malades en phase terminale.
Comme les chercheurs l’avaient supposé, les gens, après avoir réfléchi à des évènements importants dont ils ne connaissaient pas l’issue – tels que les résultats de tentatives de grossesse, d’admissions dans des écoles d’études supérieures et d’instances judiciaires (toutes les réponses données par des participants dans le cadre de l’étude) – étaient plus enclins à donner de leur temps aux activités caritatives.
Les participants mis en situation n’étaient pas plus enclins à donner de leur temps pour une seconde tâche si elle était décrite comme « divertissante » au lieu d’être « serviable », ce qui suggère que leur comportement altruiste n’était pas lié à l’amabilité, à une volonté de se distraire ou à une tentative pour se remonter le moral. Ces résultats suggèrent que les participants ont agi volontairement en croyant que leurs actes seraient récompensés.
Ces résultats ont été confirmés par une seconde expérience au cours de laquelle les participants, confrontés à un évènement au résultat incertain, étaient davantage susceptibles de faire un don que les participants confrontés à un problème personnel « solutionnable » non résolu ou à leurs préférences personnelles dans leurs choix quotidiens.
Suite à ces recherches, Risen, Carter et Converse ont voulu savoir si leurs résultats se vérifieraient dans une situation de la vie de tous les jours. Ils ont constaté que les candidats à un poste auxquels il avait été demandé de réfléchir aux aspects de la recherche d’emploi sur laquelle ils n’avaient aucun contrôle (par exemple, si de nouveaux emplois allaient être créés) se sont engagés à donner davantage d’argent aux œuvres de charité que ceux à qui il avait été demandé de réfléchir aux aspects qu’ils pouvaient contrôler (comme l’apprentissage de ce nouveau métier).
Les chercheurs pensent que la croyance dans le karma peut être une façon positive de faire face aux expériences déplaisantes qui se résument à ne rien faire et attendre. Les chercheurs déclarent « Même si les gens ne croient pas vraiment au karma, ils peuvent tout de même avoir un raisonnement intuitif qui les amène à penser que les choses positives arrivent aux personnes bienfaisantes. Si ce raisonnement nous pousse à donner pour une bonne cause et nous rend un peu plus optimiste dans le même temps, c’est plutôt une bonne chose. »
La revue Psychological Science est publiée par l’Association pour la psychologie scientifique.
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