Capcampus
Pouvez-vous nous présenter l’AVFT ?
Emmanuelle Cornuault
L’AVFT est une association féministe créée en 1985 et qui a pour but de lutter contre les violences sexuelles et sexistes au travail. L’AVFT a pour but politique de rendre visible ces violences, de les dénoncer et d’arriver à une tolérance zéro de toute la société vis à vis de celles-ci.L’AVFT accompagne toutes les victimes de ces violences dans leurs démarches.
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Quel est votre rôle au sein de l’association ?
Emmanuelle Cornuault
Je suis chargée de mission (région Bretagne, Pays de Loire, Normandie, Poitou-Charente, PACA, Corse ; département du Val de Marne et des Yvelines).
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Quel a été votre parcours ?
Emmanuelle Cornuault
Je suis juriste, six années d’études de droit et je me suis consacrée rapidement à « l’aide aux autres ». Après un stage à la Fédération internationale des droits de l’Homme ( secteur Afrique puis Europe de l’est), j’ai été assistante parlementaire pendant quatre mois . Par la suite, j’ai choisi le secteur de l’accès aux droits dans lequel je me suis investi pendant trois ans. L’idée étant d’apporter une aide juridique gratuite dans tous les domaines du droit pour les personnes qui n’ont pas les moyens d’aller voir un avocat. Je suis chargée de mission à l’AVFT depuis cinq ans.
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Pourquoi avoir choisi ce combat ?
Emmanuelle Cornuault
A travers mon parcours en tant que consultante en accès aux droits je me suis rendue compte que systématiquement les femmes étaient les plus défavorisées dans tous les domaines de droit pour lesquels elles venaient me voir : assurance, travail, logement, famille, étrangers… Je me suis peu à peu dirigée vers les violences sexuelles.
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Quelles sont les actions que vous avez menées pour lutter contre les violences faites aux femmes ?
Emmanuelle Cornuault
Tous les accompagnements aux côtés des femmes qui nous saisissent sont des combats contre les violences faites aux femmes car chaque « dossier » est révélateur de la violence engendrée par la société. En d’autres termes c’est parce que la société patriarcale dans laquelle nous vivons est révélatrice de rapports de domination hommes/femmes, que ces violences sexuelles se produisent. Chaque histoire, chaque saisine nous permet de le dénoncer, y compris en justice.Plus spécifiquement, nous avons mené de nombreux combats et je ne peux tous les mentionner. Ils sont largement présents sur notre site internet (www.avft.org).
Cependant, le premier, qui est à l’origine de la création de l’AVFT , est la lutte que nous avons mené pour que la France se dote d’une loi sur le harcèlement sexuel.En effet, en 1985, elle n’existait pas. Or, une des fondatrices de l’AVFT en a été victime au Ministère des Finances. Les sept premières années d’existence de l’AVFT ont été largement consacrées à la lutte pour la création de cette loi. Ce qui fut chose faite en 1992, en grande partie grâce à l’AVFT.
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A votre avis, l’égalité homme femme peut-elle être réalisable ? Si oui, comment ?
Emmanuelle Cornuault
Bien sûr, avec une vraie volonté politique d’y arriver alliée à une loi réellement coercitive en la matière… ce qui est loin d ‘être le cas, malheureusement !
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Que diriez-vous aux femmes victimes de violences ?
Emmanuelle Cornuault
Ne jamais garder le silence car il profite aux agresseurs. L’isolement et l’impression de ne jamais pouvoir en sortir et dénoncer ce qu’elles vivent répond à une stratégie élaborée et mise en place par les auteurs de violences.
Parler est la seule voie de salut !
Deuxième conseil important : toujours faire confiance à son ressenti, en général on ne se trompe jamais sur ce qu’on est en train de vivre mais, les agresseurs/harceleurs /violeurs, encore une fois, savent parfaitement manipuler leurs victimes et faire en sorte qu’elles se sentent déstabilisées, perdues, incapables de réagir.
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Votre pire souvenir au sein de l’association ?
Emmanuelle Cornuault
Mes plus mauvais souvenirs sont toujours liés à des audiences qui se passent mal. Il n’y en a pas tant que çà mais quand cela arrive, c’est très dur car le plus souvent, si l’auteur des violences est relaxé ce n’est pas par manque de preuves mais en raison des résistances et des stéréotypes sexistes des magistrats.Le sentiment d’injustice pour la victime est profond.
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Et le meilleur ?
Emmanuelle Cornuault
A l’inverse, les audiences qui se déroulent bien sont toujours des moments très forts pour la victime car enfin , elle est entendue et a la possibilité de crier sa vérité. Ce moment est le véritable début d’une reconstruction possible pour la victime, qu’elle soit psychologique, physique, professionnelle et familiale.
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Un dernier mot à nos lecteurs ?
Emmanuelle Cornuault
Il est très important de s’interroger sur ses propres résistances et stéréotypes de type sexiste, que l’on véhicule parfois sans même y prêter attention. L’éducation que nous recevons depuis notre enfance est empreinte de schémas sexistes liés à notre société patriarcale. Déconstruire ses schémas et aller à l’encontre de nos résistances nous permet de toucher la réalité des violences sexuelles et c’est le début d’une véritable prise de conscience.Cela nous permet d’agir à notre mesure, à notre niveau et d’être vigilant pour soi et pour les autres.
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