Sélection ou orientation à l'entrée à l'université ?

Le mot « sélection » est tabou pour l'entrée à l'université, mais il ne l'est pas pour les filières à bac+2 (BTS, DUT, DEUST) ou les CPGE qui accueillent chaque année environ 48% des néo-bacheliers.

Publié le 07 novembre 2006

Il ne l’est pas non plus pour certaines universités dotées d’un statut sur mesure comme l’université technologique de Compiègne ou encore Paris IX Dauphine qui en 2004 a réussi, en toute légalité, à contourner la règle générale en devenant « université technologique en sciences des organisations et de la décision ».

De cette inégalité de traitement découle pour les universités « ordinaires » un engorgement de leurs premiers cycles par une bonne moitié des nouveaux inscrits qui s’engagent le plus souvent « par défaut » dans des filières surchargées ou qui n’offrent que de trop rares débouchés. Ce sont ces étudiants « égarés » qui, par une hypocrisie profonde du système, se retrouvent en situation d’échec dès la première année et sont, par conséquent, victimes d’une sélection féroce qui n’ose pas dire son nom.

Le rapport Hetzel, qui vient d’être publié, préconise un certain nombre de mesures susceptibles, si elles étaient appliquées, de permettre aux universités de remédier à cette situation et d’améliorer leur fonctionnement et leurs performances.

Une des plus importantes, si ce n’est la plus importante, concerne la révision complète du système actuel de l’information et de l’orientation qui est à la fois très incomplet, opaque, inextricable pour les étudiants issus de milieux modestes et qui rend quasi ingérable l’organisation des premiers cycles universitaires.

Parmi les préconisations faites sur ce point capital par le rapport Hetzel, et dont certaines sont d’ores et déjà expérimentées par quelques universités (voir pages 20, 23-24, du rapport) on peut retenir les suivantes :

- une information correcte des élèves de terminale et de leur famille sur les contenus des différentes filières du supérieur, leur capacité d’accueil (filières saturées ou pas), les taux de réussite dans chacune d’entre elles, leurs débouchés professionnels etc. ;

- une orientation qui, suivant un déroulement très précis, va du « pré-bac » au « post-bac » et renforce la liaison quasi inexistante actuellement entre le secondaire et le supérieur, afin de permettre à chaque élève de classe terminale d’élaborer progressivement un projet de formation, en constituant un « dossier unique d’accès à l’enseignement supérieur » dans lequel l’élève « exprime ses choix post-bac » ; ce dossier sera examiné au deuxième trimestre par une commission ad hoc qui formulera des observations quant aux vœux de l’élève et des recommandations concernant son orientation ;

- la signature d’un contrat entre l’étudiant et l’université choisie avec un bilan et un entretien d’orientation au terme du premier semestre de la première année universitaire ;

- des propositions soit de redoublement du semestre avec parcours aménagé, soit de réorientation vers d’autres filières mieux adaptées pour les étudiants en difficulté ou en situation d’échec à ce moment-là ;

- un accompagnement vers l’insertion professionnelle (relations avec les entreprises au moyen de stages, création de CFA universitaires) et un suivi sérieux des cohortes d’étudiants en faisant se doter chaque université d’un observatoire des parcours de leurs étudiants qui publiera un bilan annuel de cette insertion ;

- un retour aux dispositions prévues à l’origine pour l’accès des bacheliers technologiques et professionnels qui le demandent aux formations qualifiantes à Bac+2 (IUT, STS).

Question : les universités, obligées d’accueillir tous les bacheliers qui le souhaitent, peuvent-elles, avec les faibles moyens matériels, financiers et en personnels dont elles disposent aujourd’hui, remédier à une situation souvent très grave dont elles ne sont pas, globalement, responsables ?


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