« Lorsque j'ai été nommé il y a six ans directeur de Télécom Ecole de Management, grande école de commerce publique, on ne parlait pas de l'ouverture sociale des filières d'élite, et j'étais brun comme un ours des Pyrénées.
Aujourd'hui, alors que ce thème est devenu central dans le débat public, l'école que je dirige est sans doute la plus sociale de France puisqu'elle accueille en cette rentrée plus de 50% d'étudiants boursiers. Et mes cheveux ont pris la blancheur d'un ours polaire.
Si le temps fait certes son œuvre, il n'est pas le seul responsable de mon état capillaire.
L'ouverture sociale de Télécom Ecole de Management est à la fois ma fierté et source de mes angoisses.
Fierté, car en l'espace de trois ans, l'école est passée de 20% à 50% d'étudiants boursiers en première année. Angoisses, car le financement des boursiers coute à l'école plus d'un million d'euros par an, soit 30% de son budget opérationnel.
Souvenons-nous du début de l'année 2010 : l'Etat sommait les grandes écoles de se démocratiser et de s'ouvrir à la diversité. Un quota de 30% d'étudiants boursiers était devenu l'objectif politique et social.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Il serait intéressant de mener l'enquête parmi nos établissements d'enseignement supérieur. Il serait aussi intéressant de voir si les promesses faites il y a deux ans ont été tenues.
Aujourd'hui, on me félicite pour les bons résultats de l'école en matière de diversité. J'y suis sensible mais comment faire pour continuer à financer le coût des boursiers à Télécom Ecole de Management ? L'Etat s'acquitte au travers de sa subvention publique d'une grande partie des coûts mais insuffisante au regard de la progression du nombre de boursiers. Qui d'autres : Les collectivités ? Les entreprises ? Les diplômés ? Non. Quant aux fondations créées par les établissements du supérieur, elles mettront encore du temps à collecter les sommes nécessaires.
A l'heure où notre pays ne manque pas d'imagination pour créer de nouvelles taxes, et où il se ferme aux étudiants étrangers, je propose de créer un impôt qui ait du sens.
Mettons en place un système bonus-malus social pour encourager la diversité dans les grandes écoles et les universités. Les établissements accueillant moins de 30% d'étudiants boursiers paieraient un malusdont les sommes seraient reversées aux bons élèves de l'ouverture sociale, dont je n'ai pas honte de faire partie.
Les personnes sensibles à cette proposition voudront-elles me rejoindre au club des cheveux blancs de l'ouverture sociale ? »
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