Droits d'inscription et financement des universités

Revenons sur ce sujet sensible (pour ne pas dire tabou!)

Publié le 07 novembre 2006

De tous côtés on entend de plus en plus souvent déplorer, à juste titre, la pauvreté navrante des universités françaises, leur manque de moyens matériels, financiers, en personnel enseignant et IATOS. On ne cesse de dénoncer le paradoxe français qui fait que la formation d’un étudiant d’université coûte environ une fois et demie moins cher que celle d’un lycéen, qu’au sein même de l’enseignement supérieur les inégalités sont criantes puisque le coût d’un élève des classes préparatoires aux grandes écoles, voire de l’étudiant de BTS ou d’IUT, est lui aussi beaucoup plus élevé que celui de l’étudiant lambda, même si cette inégalité ne concerne pas le coût de l’étudiant de quelques filières restreintes de 3ème cycle universitaire. Certes, des esprits tatillons diront que l’ « évaporation » qui, en cours de première année universitaire, atteint dans certaines filières des Lettres et Sciences humaines 30% des inscrits, réduit l’écart signalé plus haut puisqu’un pourcentage souvent relativement élevé d’étudiants qui ont payé leurs droits d’inscription « disparaissent » rapidement et ne coûtent presque rien à l’université. Mais ceci n’est que « broutilles » qui ne changent pratiquement rien à la situation.

Comment dès lors imaginer qu’à moyens constants, les universités puissent mettre en application les préconisations du rapport Hetzel qui supposent des investissements importants ? Réclamer toujours plus à l’Etat, voire aux collectivités territoriales est la démarche normale effectuée par les présidents d’université au moment de la préparation des plans quadriennaux. Mais les réponses ne sont que rarement, voire jamais, au niveau des demandes formulées. S’il est, par conséquent nécessaire que l’Etat accroisse massivement ses investissements en faveur des universités, ne faudrait-il pas aussi envisager (question demeurée taboue jusqu’à ce jour) pour accroître le montant de leurs « ressources propres » une augmentation substantielle des droits d’inscription assortie de leur modulation en fonction de la situation sociale des étudiants ?

Une telle proposition, faite par les présidents d’université depuis des années, a toujours fait hurler au scandale les élus étudiants dans les conseils d’administration des universités. Il est pourtant facile de montrer que le montant actuel dérisoire de ces droits, un des plus faibles de toutes les universités européennes, est fondamentalement injuste car il pénalise les étudiants à faibles revenus alors qu’il est très favorable à ceux qui sont issus des familles aisées. En exagérant à peine, on peut dire que les pauvres paient pour les riches. Il ne s’agit pas bien entendu d’aggraver la pauvreté des plus pauvres, puisqu’une telle proposition devrait, si elle était réalisée, être accompagnée de l’octroi de bourses importantes aux étudiants financièrement défavorisés. Sans doute faudrait-il aussi envisager simultanément d’autres mesures telles, par exemple, que la modulation de ces droits en fonction de la valeur des diplômes sur le marché du travail ainsi que l’octroi aux étudiants de prêts de longue durée, à très faible taux d’intérêt, remboursables une fois les études terminées et l’étudiant intégré professionnellement.

L’amélioration de la situation financière des universités passe aussi, obligatoirement, par une plus grande autonomie de leur gestion et une profonde transformation de ce qu’on nomme aujourd’hui leur « gouvernance », ce qui permettrait aussi, mais c’est une autre question, un renforcement des liens entre les universités et les entreprises. La centralisation excessive du système actuel qui met sous tutelle de l’Etat le budget des universités ne laisse à ces dernières qu’une marge très étroite pour l’utilisation de leurs ressources financières. Ceux qui ont eu en charge l’administration d’une université savent à quel point il est difficile, voire impossible, de par la rigidité de la comptabilité publique, de transférer par exemple, quand ce serait nécessaire, des crédits de fonctionnement au budget recherche ou inversement. Ils savent de même que les règles de fonctionnement des trois conseils d’université, héritées en grande partie de l’utopie autogestionnaire de mai 68 et restées à peu près en l’état depuis 1984, et qui font des présidents d’université de simples exécutants des décisions de leur conseil d’administration, constituent un frein redoutablement efficace à une bonne « gouvernance » de leurs établissements.


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