Corruption dans le domaine de l'éducation.

La corruption, un problème mondial, selon l'unesco!

Publié le 06 juin 2007

Un rapport de l’UNESCO publié aujourd’hui tire la sonnette d’alarme : perception illégale de droits d’inscription, fraude aux examens, détournements de fonds, appels d’offres truqués et autres pratiques malhonnêtes nuisent gravement aux systèmes d’éducation du monde entier.

Le rapport intitulé Corrupt schools, corrupt universities: What can be done (La corruption à l’école et à l’université : quelles solutions) est le fruit de plusieurs années de recherches sur les thèmes de l’éthique et de la corruption menées par l’Institut International de Planification de l’Éducation (IIPE) de l’UNESCO. Ce document analyse la nature et l’ampleur du problème, ainsi que son coût pour la société, et il propose des solutions pour y répondre. Le rapport qui se fonde sur l’expérience de plus de 60 pays s’appuye sur des informations fournies par les ministères concernés, les organismes de développement et les instituts de recherche nationaux.

« Cette importante étude nous montre qu’il faut d’agir » a déclaré Koïchiro Matsuura, Directeur général de l’UNESCO. « Non seulement cette corruption généralisée coûte des milliards de dollars aux gouvernements, mais elle nuit aux efforts déployés dans le but vital de fournir une éducation à tous. Elle empêche les parents les plus pauvres d’envoyer leurs enfants à l’école, prive les établissements et les élèves de matériel, rabaisse le niveau de l’enseignement et par conséquent celui de l’éducation dans son ensemble, compromettant ainsi l’avenir des jeunes générations. Nous ne pouvons pas rester sans réagir face à une telle situation. »

Le rapport, qui présente plusieurs études de cas menées dans toutes les régions du monde, montre la grande diversité de ces pratiques de corruption qui existent aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres. Il indique par ailleurs que les détournements de fonds attribués par les ministères de l’Éducation aux établissements scolaires peuvent représenter jusqu’à 80 % du montant total des dépenses non salariales. On y apprend aussi que les pots-de vin et autres pratiques malhonnêtes qui entachent le recrutement et la promotion des enseignants se traduisent par une baisse de la qualité de l’enseignement, tandis que les perceptions illégales de droits d’inscription et autres frais illégaux dissuadent les parents de scolariser leurs enfants et conduisent de nombreux élèves à abandonner l’école. Des études récentes montrent qu’au Honduras, 5 % des traitements versés au personnel enseignant sont destinés à des enseignants fantômes. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce chiffre atteint 15 %.

D’après le rapport, dans l’enseignement supérieur, la corruption se traduit par des pratiques frauduleuses dans le domaine de l’éducation transfrontalière, par l’apparition de fausses universités délivrant de faux diplômes et par des octrois frauduleux d’habilitation d’enseigner. Le nombre de prétendues universités proposant de faux diplômes sur Internet est passé de 200 à 800 entre 2000 et 2004. En 2005, des hauts responsables d’universités privées ukrainiennes ont révélé que pour obtenir dans les meilleures conditions possibles les autorisations et agréments – prévus par la loi pour les 175 établissements universitaires privés – il est indispensable de se livrer à des actes de corruption, qui peuvent prendre des formes diverses.

Les auteurs du rapport, Jacques Hallak et Muriel Poisson, fournissent plusieurs exemples de pays où l'adoption de mesures relativement simples a permis de faire quasiment disparaître ces pratiques. Ainsi en Ouganda, au début des années 1990, seuls 13 % des crédits annuels alloués aux établissements en fonction de leurs effectifs leur parvenaient effectivement. Le reste était détourné par les dirigeants locaux à des fins autres qu’éducatives. Une campagne nationale visant à informer les communautés locales sur la répartition de ces fonds a entraîné un véritable revirement de situation : environ 85 % des crédits alloués ont effectivement été versés aux établissements.

Selon les auteurs, le leadership et la volonté politique au plus haut niveau des gouvernements sont essentielles. Par ailleurs, l’existence de systèmes de réglementation plus transparents, des capacités de gestion accrues visant à une meilleure responsabilité et une meilleure appropriation du processus de gestion peuvent contribuer à éradiquer la corruption au sein des systèmes éducatifs. Ils formulent également une série de recommandations quant à la façon d'aborder ce problème, les principales étant les suivantes :

L’adoption de normes et de règles claires et de procédures transparentes, ainsi que la définition d’un cadre d’action précisant les responsabilités des différents acteurs en matière d’octroi, de distribution et d’utilisation des ressources destinées à l’éducation ;
L’amélioration des compétences en matière de gestion, de comptabilité, de suivi et d’évaluation du personnel administratif et des autres acteurs, y compris les associations de parents d’élèves, les syndicats et les autres parties prenantes issues de la société civile ;
L’élargissement de l’accès à l’information afin d’encourager la participation, la responsabilisation et la surveillance par la société. Les entités les plus proches du terrain, à savoir les établissements, doivent être suffisamment informées pour être non seulement capables de détecter les pratiques frauduleuses, mais aussi pour réclamer ce qu’elles sont en droit de recevoir.


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