La Société des agrégés déplore que le Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, étudiant les modifications à apporter au concours de l'agrégation pour se conformer à la Loi sur l'enseignement supérieur et la recherche de 2013 - qui prévoit un accès spécifique aux concours de la Fonction publique pour les docteurs - songe moins à participer à l'effort nécessaire de promotion des docteurs qu'à dénaturer l'agrégation et à mettre en concurrence déloyale les agrégés entre eux. Selon un projet de décret, jusqu'à 15% des postes proposés à l'agrégation leur seraient réservés, grâce à un concours distinct des concours externe et interne, sans pour autant que le nombre total de postes proposés aux concours soit augmenté.
La Société des agrégés rappelle que le concours de l'agrégation, dans son état actuel, est déjà ouvert aux docteurs et que la préparation existante leur permet de développer les compétences requises pour enseigner dans le second degré et dans les premières années du supérieur : rapidité, capacité de synthèse, formulation simple et adaptée à leur public de réalités complexes.
Elle rappelle également que le Ministère ne traite pas correctement les agrégés qu'il a à sa disposition et dont il ne sait ni reconnaître ni employer les talents : non seulement 25% des agrégés sont toujours affectés en collège contre leur gré mais les agrégés docteurs déjà en poste ne sont ni répertoriés, ni encouragés, ni valorisés alors qu'ils représentent un important contingent. Sur l'échantillon représentatif de la Société des agrégés, 15% des professeurs exerçant sur des postes type « second degré » (collège, lycée, CPGE, Prag) sont docteurs. Dans le traitement réservé, au sein de sa propre institution, aux docteurs, le ministère est donc bien loin de montrer l'exemple.
La Société des agrégés déplore donc que les modifications envisagées permettent à l'Etat de s'exonérer, à peu de frais de toute réflexion d'envergure sur le doctorat, sur la promotion et sur la valorisation des docteurs en France et à l'étranger. Elle considère que ce projet illustre également l'absence condamnable d'ambition de la France pour l'agrégation et le refus de considérer ses enjeux et ses objectifs pour demain, dans un contexte de mondialisation de l'éducation et de la recherche.
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