Le laboratoire de Mécanique de l’ENSTA vient d’acquérir en partenariat avec le CNRS, 3 planeurs sous-marins (glider en anglais). La technologie des gliders devrait révolutionner la vision de l’océan. Peu coûteux et d'une grande facilité d'utilisation, des gliders déployés en nombre dans l'océan, naviguant en flotte, sont en effet susceptibles d'offrir une cartographie très détaillée de l'océan en profondeur grâce à un flux considérable de mesures (température de l’eau, salinité, taux oxygène, chlorophylle, etc.), sans commune mesure avec ce que les moyens classiques, beaucoup plus coûteux, permettent d’obtenir.
Le glider se distingue par sa faible consommation d'énergie et par son autonomie : il est capable d’effectuer des missions en mer de 3 à 6 mois et parcourir ainsi jusqu'à 2400 km en mer sans assistance. Long de 2 mètres et relativement léger (50 kg), il contrôle son poids dans l'eau grâce à une pompe, et se déplace ainsi le long d'une trajectoire en dent de scie en planant à la descente mais aussi à la remontée ! Il navigue vers un but prescrit à l'estime, comme un voilier, en corrigeant la dérive due aux courants. A chaque remontée en surface, il transmet ses mesures par satellite et peut aussi recevoir des commandes de son pilote à terre pour modifier sa mission.
Récemment mis au point aux Etats-Unis, il en existe une soixantaine d’engins au monde dont quelques unités à peine en Europe. Le laboratoire de Mécanique de l’ENSTA est le premier laboratoire français à acquérir cet instrument en plein développement qui intéresse au premier chef la recherche océanographique mais aussi à terme, la gestion du milieu maritime : océanographie opérationnelle (voir www.mercator-ocean.fr), qualité de l'eau, prévention de la pollution par des algues toxiques, ressources halieutiques, ...
EGO, un projet à l’échelle européenne
Grâce à des financements de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), le laboratoire de Mécanique de l’ENSTA associé au laboratoire LOCEAN ont pu acquérir ces gliders, développer et animer un réseau qui réunit des laboratoires français et européens au sein du consortium « European Gliding Observatories ». L'objectif de EGO est de démontrer l'intérêt immense des gliders pour la recherche océanographique et ses applications et de promouvoir leur utilisation. Au sein d'observatoires choisis, en Atlantique et en Méditerranée, il s'agit de montrer comment une flottille de gliders permet d’accéder à une surveillance d’une région océanique depuis les plus petits tourbillons jusqu'aux grands courants océaniques permanents ou bien comment la pollution apportées par les fleuves est dispersée depuis les côtes jusqu'à l'océan profond à travers le talus continental.
Fin des tests en octobre 2006 – Premier observatoire EGO en 2007
Depuis le début de l'année, Pierre Testor chercheur CNRS du LOCEAN, Laurent Mortier, responsable de l’océanographie à l’ENSTA, et leurs collègues européens ont effectué les premiers essais de ce planeur sous-marin dans le Golfe du Lion, cette phase de test devant s’achever fin octobre. Dix gliders seront alors prêts pour constituer un premier observatoire en Méditerranée Nord-Occidentale entre les Baléares et Gênes. Ils quadrilleront cette région pendant l'année 2007. Dans cet observatoire, la mission de l’ENSTA/LOCEAN et du National Oceanography Centre de Southampton en Grande-Bretagne consistera a à surveiller le Courant Nord, qui coule le long des côtes de Provence et sur le talus du Golfe du Lion, mais aussi la zone de formation d'eau profonde située au large qui est le véritable poumon de la Méditerranée. Il s'agit en particulier de dresser la « zoologie » des tourbillons de cette région, taille, forme et comportement, un des objectifs étant d'améliorer les modèles de prévision océanique dont la qualité dépend beaucoup de la bonne prise en compte de ces tourbillons.
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